Soutenons les éditions Être !
C’était l’anagramme de mon ancienne maison d’édition
Le Sourire qui mord
Invité à débattre sur le thème « Résister, à quel prix ? » lors de la journée professionnelle organisée le 7 mai 2010 par la Fête du Livre de Villeurbanne, j’ai d’emblée, à la demande de Gérard Picot qui venait de l’apprendre, annoncé publiquement l’arrêt prochain des éditions Être.
Éditer depuis plus de trente-cinq ans, sans capital, des albums jeunesse singuliers plutôt exigeants a toujours relevé de l’aventure. Et sans le soutien attentif de nombre des partenaires de la chaîne du livre, les lois du marché auraient eu raison plus tôt de cet équilibrisme.
En des temps qui ne sont faciles que pour quelques nantis, qu’un léger fléchissement de la vigilance professionnelle puisse nous être fatal a pourtant suscité l’émotion. J’ai été très touché, sur place et depuis, par les nombreux encouragements à tenir et par l’engagement de ceux qui ne pouvaient se résoudre à ce que la présence de nos livres dans le paysage éditorial aux côtés des lecteurs jeunes et moins jeunes, ne soit pas assurée. Que faire ?
Je ne peux que vous inciter, les uns et les autres, à vous précipiter dans vos librairies préférées pour vous procurer les albums d’Être éditions pendant qu’il en est encore temps. Si une vague d’achats ne garantit peut-être pas la poursuite de l’activité, elle assurera un destin à des livres qui considèrent les enfants comme des lecteurs à part entière méritant des points de vue non altérés sur le monde. Qu’ils puissent encore, ces albums, susciter de libres interprétations et la résistance à l’ordre des choses, je nous le souhaite. Et nous le devons aussi aux créateurs qui ont partagé le risque de ces aventures littéraires et humaines.
« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » écrit René Char.
Je vous remercie de la vôtre.
Et je n’ai pas sommeil…
Christian Bruel
10 mai 2010
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Quinzaine des librairies Sorcières : Il était une fois ... le Kamishibaï
Quand deux librairies sorcières se réunissent pour la quinzaine des librairies sorcières ...
Devant un auditoire varié où se mêlait jeunes enfants, parents, bibliothécaires et animateurs socio-culturels, Jean Luc Burger, responsable de la librairie La Bouquinette et des éditions Callicéphale, nous a communiqué sa passion pour le kamishibaî. Si cet art du théâtre d'images, qui s'est développé au Japon lors de la crise qui suivit la première guerre mondiale y est toujours très présent, mais souvent utilisé à des fins pédagogiques, ce n'est pas le cas aux éditions Callicéphale où la fiction règne sans partage, pour notre plus grand plaisir.
Que l'on adapte des albums préexistants comme Il faudra de Thierry Lenain et Olivier Tallec, ou que l'on crée de toutes pièces une nouvelle histoire en images, comme Violetta et Rigoberto de Thierry Chapeau ou Pourquoi m'apprendre la peur de Robert Scouvart, aux éditions Callicéphale on travaille image par image à la bonne lisibilité du récit final, on peaufine chaque image et on s'attache à proposer des enchaînements pleins de sens et parfois magiques. Chaque kamishibaï est le résultat d'un vrai travail éditorial.
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Peins feux sur l'art du Kamishibaï
La Quinzaine des Librairies Sorcières à la librairie l’Autre Rive
du 15 au 29 mai 2010
Depuis longtemps déjà Jean-Luc Burger fait revivre l’art du théâtre d’images dans sa maison d’édition Callicéphale avec 28 histoires publiées à ce jour et avec la commercialisation du superbe butaï en bois qui permet de les mettre en scène et en voix. Il nous fera partager sa passion pour cet art de conter :
Pleins feux sur le Kamishibai
causerie suivie d’une démonstration
vendredi 21 mai 2010 à 19 h
Robert Scouvart
illustrateur
Pourquoi m’apprendre la peur
Le Chat et la Souris
dédicacera ses ouvrages
samedi 22 mai 2010 à partir de 15 h
Pourquoi m’apprendre la peur est une histoire pour kamishibaï conçue comme une véritable pièce de théâtre où l’on assiste à un procès bien étrange, celui du loup accusé de toutes les misères du monde mais défendu par le petit chaperon rouge. C’est une histoire de mauvaise foi et de bouc émissaire contée avec verve et illustrée avec une force quasi expressionniste. Un Chat , une souris, nouvelle traduction du conte de Grimm Chat et souris associés publié pour la première fois en album est illustré avec talent et humour par Robert Scouvart.
autre.rive.nancy@wanadoo.fr http://librairielautrerive.hautetfort.com
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C'était hier
C'était hier que nous accueillions Agnès Desarthe pour deux rencontres et ce fut un bien bel après-midi.
Dès 14h elle s'est entretenue avec 6O élèves de seconde du lycée Loritz ( dont 55 garçons) et elle a triomphé magistralement de la difficulté de l'entreprise, parce qu'elle prend ses lecteurs au sérieux, parce qu'elle a une énergie d'enfer et parce que ces nombreux adolescents avaient bien préparé cette rencontre grâce à leurs deux professeurs de français qui avaient su les emmener au coeur du roman d'Agnès Desarthe : Le Remplaçant.
Des questions justes, pertinentes, fusèrent, sur l'auteur, son entrée en écriture, ses choix romanesques, ses goûts littéraires. En réponse les adolescent(e)s apprirent qu'Agnès Desarthe s'engagea dans le concours de l'Ecole Normale sup, et donc à faire deux années de Khâgne, parce qu'être payée pour faire des études la motivait terriblement !! On ne doute pas qu' à cet instant elle a suscité quelques vocations. Son éloge de l'école et de ses professeurs, sincère et argumenté a fait chaud au coeur de ceux qu'on malmène souvent dans l'opinion... Elle le dit sans ambage : s'occuper des enfants des autres c'est de l'héroïsme. Voilà pourquoi ce grand-père "de remplacement" est son héros, comme son institutrice de deuxième année de maternelle, comme Janus Korczack, ce pédagogue qui s'occupa de milliers d'orphelins et tout particulièrement de ceux du ghetto de Varsovie, abandonnés parmi les abandonnés, qu'il n'abandonna jamais et accompagna jusqu'au bout, jusqu'à leur assassinat et le sien dans le camp d'extermination d'Auschwitz.
D'abord traductrice avant que de mener de front cette carrière (qui lui valut le prestigieux prix Coindreau de la meilleure traduction) avec celle d'écrivain, Agnès Desarthe a su de manière passionnante leur transmettre comment traduire c'est aller à la rencontre des secrets de fabrication littéraire des plus grands auteurs, ccomment c'est découvrir et restituer les solutions qu'ils trouvent à toutes les questions techniques que doit résoudre tout écrivain. Elle a aussi réussi à leur faire bien sentir comment l'écrivain avance souvent en tatonnant, entre essais, changements et repentirs et que c'est en écrivant qu'il se découvre.
A la librairie l'Autre Rive Agnès Desarthe revint sur la genèse du Remplaçant et de La Plus belle fille du monde, romans qu'elle mena de front et qui tous deux se font écho : le vrai héros du remplaçant est-il Janus Korczak ou triple B? La plus belle fille du monde est-ce vraiment Liouba Gogol? En chemin un personnage se glisse sous la plume de l 'auteur s'imposant à lui comme à nous. Si la construction de la Plus belle fille du monde est linéaire, celle du Remplaçant, composée d' une suite de fragments, s'autorise à jouer avec la temporalité. Les souvenirs revenant à la mémoire sous forme de blocs séparés de l'avant et de l'après, cette succession de fragments convient ici parfaitement car elle permet de les restituer au plus près de leur remontée, comme elle permet de les écarter l'un de l'autre quand il devient nécessaire d'en insérer un autre. L'auteur a ainsi joué longtemps à modifier la place de chacun des fragments comme on le ferait avec des pièces de lego.
Rêveuse, étourdie Agnès Desarthe fait joliment comprendre à son auditoire que cette propension à la rêverie est peut être constitutive de sa personnalité d' écrivain, et qu'en tous cas elle la sert, car cet égarement qu'elle ressent parfois face à la réalité : " je ne comprends jamais ce qu'on me dit, je comprends autre chose" est forcèment l'occasion d'une interprétation et donc un formidable point de départ pour la création littéraire. Ecrire c'est aussi tenter d'interpréter le monde.
Ce n'est pas seulement en laissant Triple B s'imposer comme le héros de son roman qu'Agnès Desarthe lui rend hommage mais aussi en déployant ce talent de conteuse que ce grand-père lui a incontestablement transmis.
Claude André
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Qui est la plus belle fille du monde?
Agnès Desarthe
invitée à Nancy pour rencontrer des élèves des classes de seconde littéraire du lycée Loritz,
nous fait le plaisir de prolonger son séjour le temps d’une rencontre à l’Autre Rive
Lundi 10 mai 2010 à 18h
on y parlera bien sûr de ses deux derniers romans :
Le remplaçant
éd. l’Olivier
La plus belle fille du monde
éd. l’Ecole des loisirs dans la collection medium
Agnès Desarthe, traductrice, écrivain, a été en 2007 la lauréate du prix de traduction Maurice-Edgar Coindreau. Elle excelle à exprimer la gravité avec humour, à utiliser la légèreté pour dire la complexité. Parlant de son travail pour Le Remplaçant elle dit : « faire un détour en racontant l’histoire d’à côté, en le faisant avec humour, m’a paru le moyen de donner voix à l’inarticulé. »
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