Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’écriture façonne le monde

Couv_LEcritureDuMonde.jpg

Mardi 28 mai 2013
à 18 h 30

 

François Taillandier

 

nous parlera de son roman
l’Écriture du monde ; éditions Stock, 2013.

 

Après le cycle de la Grande Intrigue, dont la boucle s’est refermée en 2010, c’est un livre entièrement différent que François Taillandier nous a offert en mars de cette année. Il s’intitule l’Écriture du monde, et ses pages nous font remonter vers les origines de notre civilisation.

 

L’empire romain s’est déchiré entre l’Occident et l’Orient. On s’y est fait : d’un côté il y a Rome, presque réduite à l’état de ruines, mais aussi Ravenne, la nouvelle capitale, cernée de brume et de moustiques ; de l’autre, il y a la fastueuse Constantinople. Puis on a vu surgir bien d’autres lignes de fracture, entre cultures différentes, sous l’effet des guerres et des grandes migrations. Pour restituer ces mutations, Taillandier fait revivre sous nos yeux le roi Théodoric, l’empereur Justinien et l’impératrice Théodora, ainsi que Cassiodore, Boèce et Benoît de Nursie, Isidore de Séville et le pape Grégoire, et Théolinda, reine des Lombards.

 

François Taillandier rend intelligible à ses lecteurs une période historique assez méconnue, souvent jugée obscure, qui est située à la charnière de l’Antiquité et du Moyen Âge, et il invente le style narratif que cette entreprise d’archéologie et de dévoilement exigeait. C’est un tour de force que d’être parvenu à fondre le style antique et la vision moderne en une coulée homogène de prose. Ne serait-ce que pour cette raison, l’Écriture du monde est un vrai roman.

 

« Le roman peut, d'aventure, nous apprendre deux ou trois choses sur l’Histoire. Il peut surtout, quand il est porté aussi haut que François Taillandier le porte, témoigner, face aux agonies dont l’Histoire est le récit toujours recommencé, de l’indestructible vitalité des hommes. » (Florent Georgesco, dans le Monde des livres, vendredi 15 mars 2013.)

 

Taillandier_Francois SEUL par David Balicki 2008 presse-2.jpg

François Taillandier, que nous avons déjà reçu, en 2010, à l’occasion de la parution du cinquième et dernier volume de la Grande Intrigue, est romancier, et parfois essayiste. Il écrit dans le journal l'Humanité et dans la revue l'Atelier du roman.

 

 

Dessin, couleur et calligraphie : expériences graphiques dans l’album pour enfants

Sarah Stewart et David Small

La Cabane d’Isabel

aux éditions Syros, septembre 2012 ; traduit de l’américain par Fenn Troller

40 pages

Prix : 15 €

La Cabane d’Isabel (titre original : The Quiet Place) est le nouvel album issu de la collaboration entre l’écrivain Sarah Stewart et l’illustrateur David Small, qui nous avaient déjà offert Le Jardin secret de Lydia, toujours disponible, et L’Amie, malheureusement épuisé.

Une famille mexicaine modeste, formée d’Isabel, de son grand frère et de leurs parents, émigre aux États-Unis. Nous ignorons la profession du père, le texte indique seulement qu’il ne parle pas anglais. Nous sommes en 1957. La petite héroïne écrit régulièrement à sa tante Lupita, qui est restée au pays et que nous avons aperçue dans l’illustration des pages de garde. Le texte de l’album est constitué d’une suite de douze courtes lettres écrites par la petite fille. Les réponses de Lupita n’apparaissent pas. la-cabane-d-isabel.jpg

Il faut expliquer à l’enfant qui lira cet album en français que les textes de l’album original sont ceux d’une petite fille d’origine étrangère qui apprend l’anglais en l’écrivant. Isabel se découvre deux passions : collectionner les gros emballages en carton… et pratiquer sa nouvelle langue. Lupita, au Mexique, lui en avait enseigné les rudiments. Désormais, c’est Isabel qui apprend à sa tante de nouveaux mots d’anglais.

La mère fait des pâtisseries pour l’anniversaire des enfants de familles aisées. Un jour, pour fêter son propre anniversaire, Isabel invite chez elle les enfants pour lesquels sa mère a cuisiné et leur demande de ne pas lui offrir d’autres cadeaux que les mots qu’ils préfèrent. Elle, en contrepartie, leur fait découvrir l’étonnante cabane qu’elle a fabriquée.

Le texte nous cantonne dans le point de vue d’un seul personnage, comme si nous lisions les lettres d’une vraie petite fille. La place donnée à l’image est donc le corollaire de ce dépouillement narratif, puisque ce sont les dessins qui font entrer en scène, avec toute leur vitalité, les nombreux personnages de l’histoire.

David Small combine les tons chauds à l’aquarelle, les effets de matière à la craie grasse et les traits de contour à l’encre de Chine. Son trait, qui rappelle un peu celui Will Eisner, oscille entre caricature et réalisme. Ce style fait merveille pour traduire les émotions des personnages, adultes ou enfants, même de ceux qui restent à l’arrière-plan, et pour nous aider à saisir les informations que les courtes lettres d’Isabel se contentent de suggérer.

Reposant sur une anecdote dont la banalité n’est qu’apparente, l’album acquiert aisément une portée universelle.

 

 

 

 

Yann Kebbi

Américanin : un chien à New York

aux éditions Michel Lagarde, octobre 2012

64 pages

Prix : 18 €

Le chien Ouaf, rentrant de voyage, retrouve ses amis chiens et leur annonce qu’il est devenu « américanin ». Ce mot-valise ingénieux est le titre d’un album qui fait voyager. Les images humoristiques, dessinées au crayon noir et comportant du texte, alternent avec les grandes compositions muettes et colorées, plus réalistes, qui sont entièrement réalisées aux crayons de couleur. américanin.png

Le livre nous apprend à reconnaître et à nommer les principaux édifices de New York, dont le célèbre Flatiron (l’immeuble en forme de fer à repasser) et le musée Guggenheim. L’auteur, Yann Kebbi, s’est intéressé davantage à l’architecture qu’aux habitants des différents quartiers de la ville. Dans les images en noir et blanc, Ouaf traîne derrière lui une laisse que personne ne tient, et s’il y a quelqu’un pour tenir cette laisse dans les images en couleurs, nous ne voyons jamais ce personnage. C’est donc un chien qui nous fait partager ses impressions, dans un récit dont il est le narrateur. Comme ce chien a surtout observé les réalités qui passaient à sa portée, l’album se révèle particulièrement abordable pour de jeunes enfants.

Les choix esthétiques de Yann Kebbi, en particulier celui de dessiner aux crayons de couleur, contribuent à rapprocher les illustrations des attentes de l’enfant. Celui-ci reconnaîtra dans les images ses propres manières d’aborder la feuille de papier et d’y projeter ses représentations. Les repentirs du dessinateur restent bien visibles, les silhouettes peuvent être superposées, certains éléments sont tracés avec netteté et soigneusement coloriés, tandis que d’autres sont laissés à l’état d’esquisses. Les éléments architecturaux, de même que les personnages, se présentent sous une forme tantôt achevée tantôt fantomatique. Fréquemment, les visages sont traités selon les codes du dessin réaliste, tandis que les troncs, les bras et les jambes sont tracés comme dans un dessin d’enfant.

Le résultat est original et convaincant. On peut lire cet album avec des petits, mais aussi le proposer comme livre de première lecture.

 

dcpart-doublewd.jpg

 

 

 

Hassan Musa

L’Homme caché

éditions Grandir, septembre 2012 ; première édition : 1997

18 pages

Prix : 15 €

Hassan Musa, peintre français d’origine soudanaise, a illustré pour les éditions Grandir six contes soufis, dans les années 1990. Ces livres sont épuisés depuis plus de dix ans, sauf L’Homme caché, que l’éditeur vient de rééditer.

Si des assassins me demandent où est la victime qu’ils recherchent et qui se trouve réfugiée dans ma maison, je n’ai pas le droit de leur mentir, affirmait Kant. Lorsqu’il prit cet exemple pour illustrer sa thèse selon laquelle dire la vérité est un devoir moral, le philosophe allemand songeait-il au conte soufi qui est repris par Hassan Musa dans cet album ? Le conte montre comment la vérité parvient à sauver la victime pourchassée par les assassins. Les jeunes enfants pourront, dès six ans, méditer la leçon de cet apologue particulièrement profond.hassan musa.jpg

Les images d’Hassan Musa en renforcent le pouvoir de fascination. De son calame (ou roseau) trempé dans l’encre de Chine, l’artiste a tracé sur le papier des motifs issus de la calligraphie arabe, les agrégeant les uns aux autres pour leur faire former des figures. Il y a des hommes à pied, vêtus d’étoffes bouillonnantes et chamarrées. Il y a des cavaliers arrogants, armés de lances. Ces personnages tantôt se détachent sur un fond parfaitement vierge, tantôt s’intègrent dans des paysages de douces collines, où les arbres sont rares. Nerveux, les traits deviennent chevrons. Onctueux, ils se font spires et volutes capricieuses. S’ordonnant en bandes parallèles, ils prennent la forme d’un drapeau, la forme d’une flamme… Par endroits, la pointe biseautée ne fait que déposer sur le papier quelques losanges, de dimensions variées. L’intensité du noir varie, elle aussi. Nous avons l’illusion de voir le dessin naître sous nos yeux.

Le tracé de lettres de l’alphabet arabe et de symboles se mêle aux lignes qui servent à délimiter les formes et à suggérer les volumes, mais je serais bien incapable de savoir où s’arrête le dessin et où commence l’écriture. On me dit que seuls les paysages sont constellés de lettres, tandis que les hommes et les chevaux sont tressés de motifs végétaux ou abstraits.hassan musa1.JPG En tout cas, les lecteurs qui ne lisent pas l’arabe devinent que la matière des images est faite de signes et de symboles, et que l’illustration reflète le contenu philosophique du texte.

Certains dessins sont très fouillés, d’autres plus épurés. Hassan Musa n’ayant cherché ni le réalisme ni la continuité, les traits qui définissent le visage d’un même personnage peuvent ne pas se retrouver d’une page à la suivante. Mais l’image qui illustre la conclusion du conte est la plus énigmatique de toutes. Elle pourrait bien représenter la vérité elle-même, celle qui sauve, ou bien la sagesse. C’est un être bizarrement recroquevillé, il a une abondante chevelure dressée sur sa tête, et tient son visage dans ses mains, ne laissant voir qu’un regard fixe et une bouche grande ouverte. C’est la même creature qui apparaît sur la couverture du livre, en six exemplaires, sur six piédestaux différents. Peut-être qu’il y en a un pour chaque conte soufi de la série.

La figure jaillit comme un génie du flacon oublié dont on aurait ôté le couvercle, ou plutôt non : elle jaillit de l’encrier.

 

 

 

                                                                                                   Jean-Michel

 

 

« Les Corti » à l’Autre Rive

Fabienne Raphoz  et  Bertrand Fillaudeau

 

dirigent les Éditions José Corti.

 

 

raphoz-fabienne-1.jpgVenezfillaudeau-bertrand-1.jpg

les rencontrer

 

 

jeudi 11 avril 2013

à 18 h 30

 

 

 photos © Olivier Roller

 

 

 

Ils nous parleront notamment de la collection « Biophilia », qu’ils ont créée en 2012.

 

     Le premier livre paru dans la collection lui a donné son titre. Il s’agit de Biophilie, par Edward O. Wilson, entomologiste et biologiste américain né en 1929. La biophilie, c’est l’amour de tout ce qui est vivant.

 

     Cette collection a pour vocation de mettre le vivant au cœur déclairages ou de rêveries transdisciplinaires de tous les temps : éthologues, philosophes, zoologues, ethnologues, systématiciens, folkloristes, naturalistes, explorateurs, illustrateurs pourront sy rencontrer dans le buisson foisonnant des espèces dont le devenir concerne la nôtre. (Fabienne Raphoz.)

 

 

shepard-avons-seule-terre_g.jpg     Derniers titres parus :

 

     Nous navons qu'une seule terre, de Paul Shepard (traduit de l’américain par Bertrand Fillaudeau) ; et Voyages, de William Bartram (traduction de P.-V. Benoist de 1808, révisée et complétée par Fabienne Raphoz).

BARTRAM_VOYAGES_COUV.jpg

 

 

 

Au rayon de la sociologie

Gérald  Bronner 

 

 

Gérald Bronner : « Une Apocalypse mondialisée»

 

vendredi 29 mars 2013

à 18 h 30

 

pour  La Démocratie des crédules 

 

(un essai récemment paru

aux éditions PUF)

 

 

       Pourquoi les théories du complot envahissent-elles l’esprit de nos contemporains ? Pourquoi le traitement de la politique tend-il à se « peopoliser » ? Pourquoi se méfie-t-on toujours des hommes de science ? Comment des faits imaginaires ou inventés, voire franchement mensongers, arrivent-ils à se diffuser, à emporter l’adhésion du public, à infléchir les décisions des politiques, bref, à façonner une partie du monde dans lequel nous vivons ? N’était-il pourtant pas raisonnable d’espérer qu’avec la libre circulation de l’information et l’augmentationbronnercrédules.jpg du niveau d’études, les sociétés démocratiques tendraient vers une forme de sagesse collective ?

 

Gérald Bronner, professeur de sociologie à Paris-VII et membre de l’Institut universitaire de France, étudie le fonctionnement des croyances collectives, sujet auquel il a consacré plusieurs livres : L’Empire des croyances (PUF, 2003), L’Empire de l’erreur (PUF, 2007), L’Inquiétant principe de précaution (PUF, 2010, en collaboration avec Étienne Géhin). Gérald Bronner est également l’auteur de La Pensée extrême : comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques (Denoël, 2009), et il a écrit plusieurs romans (dont Comment je suis devenu superhéros, éditions Les Contrebandiers, 2007).

De 1999 à 2001, il a dirigé le département de sociologie de l’université de Nancy.

 

 

 

 

 

Sara dédicacera ses albums

en partenariat avec la médiathèque de Nancy et l’université de Lorraine

 

 

Venez rencontrer

 

S a r a

 

mercredi 27 mars
à partir de 16 h 

 

 Depuis plus de vingt ans, Sara crée des albums jeunesse particulièrement innovants.

 

Sara a illustré un recueil de fables de La Fontaine paru l’année dernière aux éditions du Genévrier, une anthologie de poèmes composée par Jean-Marie Henry et parue aux éditions Rue du Monde (Ça fait rire les poètes), ainsi qu’un recueil de contes mythologiques publié par Circonflexe (Les Métamorphoses d’Ovide).sara2.jpg

 

 

Elle est aussi l’auteur complet d’albums qui ont conquis une place éminente dans l’histoire de la narration graphique pour jeunes lecteurs, parmi lesquels : Elle et moi (éditions l’Art à la page), La Revanche du clown (éditions Thierry Magnier), Révolution (éditions du Seuil), À quai (éditions du Seuil) ou encore Enchaîné (éditions La Joie de lire, sur un texte de Valérie Dayre).

 

 

sara3.jpgSara recourt à la technique des papiers déchirés, pour donner naissance à des créatures fragiles, hommes et bêtes, souvent en butte à l’indifférence ou à l’hostilité du monde. La plupart de ses albums ne comportent que quelques lignes de texte. Certains sont entièrement muets.

 

Les images y prennent la parole, par leur puissance expressive et par le mouvement limpide de leur succession.