Les éditions Bartillat à l’Autre Rive
jeudi
27 juin 2013
à 18 h 30
Constance de Bartillat et Charles Ficat nous parleront de leur commune passion pour la littérature, qui se traduit, depuis l’an 2000, par la constitution d’un catalogue varié et surprenant, reflet de leur éclectisme exigeant. Parmi les textes rares, remarquablement présentés et annotés, qu’a publiés cette année la maison Bartillat, ce sont les lettres de Barbey d’Aurevilly et le journal tenu par Romain Rolland pendant l’occupation allemande qui vont tout particulièrement retenir notre attention au cours de l’entretien que nous aurons avec Constance de Bartillat et Charles Ficat. Mais nous ne résisterons pas au plaisir de questionner nos deux invités sur les autres livres qu’ils nous font découvrir – ou redécouvrir, comme ce Monde du sexe, essai peu connu d’Henry Miller, qui nous revient dans une nouvelle traduction, accompagnée d’un avant-propos de Charles Ficat.
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Un livre et ses éditeurs
Michel Chandeigne
et Anne Lima,
grâce à qui les
éditions Chandeigne
existent depuis 1992,
seront à l’Autre Rive
mardi 18 juin 2013
à 18 h 30
Le dernier livre publié par Michel Chandeigne et Anne Lima s’insère dans leur superbe collection Magellane, dévolue aux récits de grands voyageurs. Il s’intitule La Découverte du Japon par les Européens (1543-1551).
En 1543, les Portugais sont les premiers Européens à poser le pied au Japon. En 1549, François Xavier et quelques jésuites y débarquent à leur tour et fondent la mission chrétienne du Japon.
Le livre rassemble les évocations de « Cipango », telles qu’elles figurent dans les sources historiques occidentales depuis 1300, puis les descriptions du « Japon » que fournissent les récits narrant la rencontre entre les Européens et les Japonais de 1543 à 1552. Ces textes, écrits par des navigateurs, des aventuriers ou des jésuites, témoignent de la fascination éprouvée par les Européens – non sans incompréhension – devant cette nouvelle civilisation, qu’ils jugent aussitôt supérieure à toutes celles qu’ils ont observées jusqu’alors. En miroir, un texte japonais, jamais traduit en français, raconte l’arrivée de ces hommes blancs, aux longs nez et aux manières frustes, que les Japonais appellent péjorativement les nanban-jin, les « barbares du Sud ».
La fabrication et l’impression des livres publiés par Chandeigne
témoignent d’un rare perfectionnisme éditorial.
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Paris pop-up
Dans le cadre de la Quinzaine des librairies Sorcières
S y l v i e B e s s a r d
samedi 1er juin 2013
à partir de 14 h
vous dédicacera son livre pop-up
qui vient de paraître aux éditions Milan :
PARIS voyage animé
au cœur de la ville lumière,
réalisé avec la complicité d’Arnaud Roi,
qui est l’auteur des textes et l’ingénieur papier de cet ouvrage.
Sylvie Bessard est nancéienne. Elle a déjà illustré plusieurs albums pour enfants, dont Jus de chaussettes (texte de Noé Carlain, éditions Milan) et Mes transports à toucher (éditions Milan), ainsi que deux romans écrits par Agnès de Lestrade et destinés aux lecteurs débutants : Tu es trop grand, Georges ! (éditions Nathan ; prix des Premières Lectures en 2012) et J’ai trop mangé ! (également publié par Nathan).
Ce beau Paris voyage animé, dont chaque double page s’ouvre sur un troisième volet à déplier, fait fleurir les édifices prestigieux, les ponts, les tours, les gares sous les yeux des enfants, en leur donnant à explorer cinq vues différentes de la capitale.
Pour dessiner les mille architectures qui se coudoient ou se combinent dans Paris, et pour donner de cette complexité une représentation qui soit agréable aux yeux, qui stimule la curiosité des jeunes enfants, Sylvie Bessard joue avec les règles de la perspective classique, alternant dans chaque image les parties traitées à plat et les parties mises en relief.
Il faut ouvrir le livre en grand, en déployant le rabat. On peut alors se pencher sur les pages et tourner autour du livre, pour appréhender chaque vue de Paris sous plusieurs angles, pour mieux en savourer les détails et pour essayer les différentes lignes de fuite que le dessin suggère à notre œil.
Les notices historiques, rédigées par Arnaud Roi, nous renseignent sur les principaux bâtiments parisiens, anciens et récents, et sur le quartier qui les abrite.
Petits et grands, venez vous promener dans les rues de ce foisonnant Paris de papier, venez à l’Autre Rive pour échanger quelques mots avec Sylvie Bessard, et pour suivre en direct les mouvements de son crayon !
Paris, par Arnaud Roi et Sylvie Bessard, éd. Milan, 2013
24,90 €
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L’écriture façonne le monde
Mardi 28 mai 2013
à 18 h 30
François Taillandier
nous parlera de son roman
l’Écriture du monde ; éditions Stock, 2013.
Après le cycle de la Grande Intrigue, dont la boucle s’est refermée en 2010, c’est un livre entièrement différent que François Taillandier nous a offert en mars de cette année. Il s’intitule l’Écriture du monde, et ses pages nous font remonter vers les origines de notre civilisation.
L’empire romain s’est déchiré entre l’Occident et l’Orient. On s’y est fait : d’un côté il y a Rome, presque réduite à l’état de ruines, mais aussi Ravenne, la nouvelle capitale, cernée de brume et de moustiques ; de l’autre, il y a la fastueuse Constantinople. Puis on a vu surgir bien d’autres lignes de fracture, entre cultures différentes, sous l’effet des guerres et des grandes migrations. Pour restituer ces mutations, Taillandier fait revivre sous nos yeux le roi Théodoric, l’empereur Justinien et l’impératrice Théodora, ainsi que Cassiodore, Boèce et Benoît de Nursie, Isidore de Séville et le pape Grégoire, et Théolinda, reine des Lombards.
François Taillandier rend intelligible à ses lecteurs une période historique assez méconnue, souvent jugée obscure, qui est située à la charnière de l’Antiquité et du Moyen Âge, et il invente le style narratif que cette entreprise d’archéologie et de dévoilement exigeait. C’est un tour de force que d’être parvenu à fondre le style antique et la vision moderne en une coulée homogène de prose. Ne serait-ce que pour cette raison, l’Écriture du monde est un vrai roman.
« Le roman peut, d'aventure, nous apprendre deux ou trois choses sur l’Histoire. Il peut surtout, quand il est porté aussi haut que François Taillandier le porte, témoigner, face aux agonies dont l’Histoire est le récit toujours recommencé, de l’indestructible vitalité des hommes. » (Florent Georgesco, dans le Monde des livres, vendredi 15 mars 2013.)
François Taillandier, que nous avons déjà reçu, en 2010, à l’occasion de la parution du cinquième et dernier volume de la Grande Intrigue, est romancier, et parfois essayiste. Il écrit dans le journal l'Humanité et dans la revue l'Atelier du roman.
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Dessin, couleur et calligraphie : expériences graphiques dans l’album pour enfants
Sarah Stewart et David Small
La Cabane d’Isabel
aux éditions Syros, septembre 2012 ; traduit de l’américain par Fenn Troller
40 pages
Prix : 15 €
La Cabane d’Isabel (titre original : The Quiet Place) est le nouvel album issu de la collaboration entre l’écrivain Sarah Stewart et l’illustrateur David Small, qui nous avaient déjà offert Le Jardin secret de Lydia, toujours disponible, et L’Amie, malheureusement épuisé.
Une famille mexicaine modeste, formée d’Isabel, de son grand frère et de leurs parents, émigre aux États-Unis. Nous ignorons la profession du père, le texte indique seulement qu’il ne parle pas anglais. Nous sommes en 1957. La petite héroïne écrit régulièrement à sa tante Lupita, qui est restée au pays et que nous avons aperçue dans l’illustration des pages de garde. Le texte de l’album est constitué d’une suite de douze courtes lettres écrites par la petite fille. Les réponses de Lupita n’apparaissent pas.
Il faut expliquer à l’enfant qui lira cet album en français que les textes de l’album original sont ceux d’une petite fille d’origine étrangère qui apprend l’anglais en l’écrivant. Isabel se découvre deux passions : collectionner les gros emballages en carton… et pratiquer sa nouvelle langue. Lupita, au Mexique, lui en avait enseigné les rudiments. Désormais, c’est Isabel qui apprend à sa tante de nouveaux mots d’anglais.
La mère fait des pâtisseries pour l’anniversaire des enfants de familles aisées. Un jour, pour fêter son propre anniversaire, Isabel invite chez elle les enfants pour lesquels sa mère a cuisiné et leur demande de ne pas lui offrir d’autres cadeaux que les mots qu’ils préfèrent. Elle, en contrepartie, leur fait découvrir l’étonnante cabane qu’elle a fabriquée.
Le texte nous cantonne dans le point de vue d’un seul personnage, comme si nous lisions les lettres d’une vraie petite fille. La place donnée à l’image est donc le corollaire de ce dépouillement narratif, puisque ce sont les dessins qui font entrer en scène, avec toute leur vitalité, les nombreux personnages de l’histoire.
David Small combine les tons chauds à l’aquarelle, les effets de matière à la craie grasse et les traits de contour à l’encre de Chine. Son trait, qui rappelle un peu celui Will Eisner, oscille entre caricature et réalisme. Ce style fait merveille pour traduire les émotions des personnages, adultes ou enfants, même de ceux qui restent à l’arrière-plan, et pour nous aider à saisir les informations que les courtes lettres d’Isabel se contentent de suggérer.
Reposant sur une anecdote dont la banalité n’est qu’apparente, l’album acquiert aisément une portée universelle.
Yann Kebbi
Américanin : un chien à New York
aux éditions Michel Lagarde, octobre 2012
64 pages
Prix : 18 €
Le chien Ouaf, rentrant de voyage, retrouve ses amis chiens et leur annonce qu’il est devenu « américanin ». Ce mot-valise ingénieux est le titre d’un album qui fait voyager. Les images humoristiques, dessinées au crayon noir et comportant du texte, alternent avec les grandes compositions muettes et colorées, plus réalistes, qui sont entièrement réalisées aux crayons de couleur.
Le livre nous apprend à reconnaître et à nommer les principaux édifices de New York, dont le célèbre Flatiron (l’immeuble en forme de fer à repasser) et le musée Guggenheim. L’auteur, Yann Kebbi, s’est intéressé davantage à l’architecture qu’aux habitants des différents quartiers de la ville. Dans les images en noir et blanc, Ouaf traîne derrière lui une laisse que personne ne tient, et s’il y a quelqu’un pour tenir cette laisse dans les images en couleurs, nous ne voyons jamais ce personnage. C’est donc un chien qui nous fait partager ses impressions, dans un récit dont il est le narrateur. Comme ce chien a surtout observé les réalités qui passaient à sa portée, l’album se révèle particulièrement abordable pour de jeunes enfants.
Les choix esthétiques de Yann Kebbi, en particulier celui de dessiner aux crayons de couleur, contribuent à rapprocher les illustrations des attentes de l’enfant. Celui-ci reconnaîtra dans les images ses propres manières d’aborder la feuille de papier et d’y projeter ses représentations. Les repentirs du dessinateur restent bien visibles, les silhouettes peuvent être superposées, certains éléments sont tracés avec netteté et soigneusement coloriés, tandis que d’autres sont laissés à l’état d’esquisses. Les éléments architecturaux, de même que les personnages, se présentent sous une forme tantôt achevée tantôt fantomatique. Fréquemment, les visages sont traités selon les codes du dessin réaliste, tandis que les troncs, les bras et les jambes sont tracés comme dans un dessin d’enfant.
Le résultat est original et convaincant. On peut lire cet album avec des petits, mais aussi le proposer comme livre de première lecture.
Hassan Musa
L’Homme caché
éditions Grandir, septembre 2012 ; première édition : 1997
18 pages
Prix : 15 €
Hassan Musa, peintre français d’origine soudanaise, a illustré pour les éditions Grandir six contes soufis, dans les années 1990. Ces livres sont épuisés depuis plus de dix ans, sauf L’Homme caché, que l’éditeur vient de rééditer.
Si des assassins me demandent où est la victime qu’ils recherchent et qui se trouve réfugiée dans ma maison, je n’ai pas le droit de leur mentir, affirmait Kant. Lorsqu’il prit cet exemple pour illustrer sa thèse selon laquelle dire la vérité est un devoir moral, le philosophe allemand songeait-il au conte soufi qui est repris par Hassan Musa dans cet album ? Le conte montre comment la vérité parvient à sauver la victime pourchassée par les assassins. Les jeunes enfants pourront, dès six ans, méditer la leçon de cet apologue particulièrement profond.
Les images d’Hassan Musa en renforcent le pouvoir de fascination. De son calame (ou roseau) trempé dans l’encre de Chine, l’artiste a tracé sur le papier des motifs issus de la calligraphie arabe, les agrégeant les uns aux autres pour leur faire former des figures. Il y a des hommes à pied, vêtus d’étoffes bouillonnantes et chamarrées. Il y a des cavaliers arrogants, armés de lances. Ces personnages tantôt se détachent sur un fond parfaitement vierge, tantôt s’intègrent dans des paysages de douces collines, où les arbres sont rares. Nerveux, les traits deviennent chevrons. Onctueux, ils se font spires et volutes capricieuses. S’ordonnant en bandes parallèles, ils prennent la forme d’un drapeau, la forme d’une flamme… Par endroits, la pointe biseautée ne fait que déposer sur le papier quelques losanges, de dimensions variées. L’intensité du noir varie, elle aussi. Nous avons l’illusion de voir le dessin naître sous nos yeux.
Le tracé de lettres de l’alphabet arabe et de symboles se mêle aux lignes qui servent à délimiter les formes et à suggérer les volumes, mais je serais bien incapable de savoir où s’arrête le dessin et où commence l’écriture. On me dit que seuls les paysages sont constellés de lettres, tandis que les hommes et les chevaux sont tressés de motifs végétaux ou abstraits. En tout cas, les lecteurs qui ne lisent pas l’arabe devinent que la matière des images est faite de signes et de symboles, et que l’illustration reflète le contenu philosophique du texte.
Certains dessins sont très fouillés, d’autres plus épurés. Hassan Musa n’ayant cherché ni le réalisme ni la continuité, les traits qui définissent le visage d’un même personnage peuvent ne pas se retrouver d’une page à la suivante. Mais l’image qui illustre la conclusion du conte est la plus énigmatique de toutes. Elle pourrait bien représenter la vérité elle-même, celle qui sauve, ou bien la sagesse. C’est un être bizarrement recroquevillé, il a une abondante chevelure dressée sur sa tête, et tient son visage dans ses mains, ne laissant voir qu’un regard fixe et une bouche grande ouverte. C’est la même creature qui apparaît sur la couverture du livre, en six exemplaires, sur six piédestaux différents. Peut-être qu’il y en a un pour chaque conte soufi de la série.
La figure jaillit comme un génie du flacon oublié dont on aurait ôté le couvercle, ou plutôt non : elle jaillit de l’encrier.
Jean-Michel
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