lundi, 12 janvier 2009
Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer de Claude Ponti
Le feuilletage de ce grand album s’opère sous les auspices des surprises attendues et se structure par la question posée d’entrée de jeu par Catalogue « Tes parents sont lourds, fatiguants, avares, collants, velus, piquants, barbus, casse-pieds, glissants ? Change ! » Le risque est pris de déranger, de parler de ce qui est parfois douloureux, mais les adjectifs choisis renvoient autant à la réalité des enfants qu’à l’imaginaire collectif. Chaque présentation de parents à choisir recèle pour le lecteur une image de ses propres parents tout en l’emmenant du côté de ceux des contes de fées. Un album à partager entre petits enfants d'aujourdhui et grands enfants d'hier ou d'avant hier pour se souvenir et pour rire ensemble.
Claude
Catalogue de parents pour les enfants qui veulent en changer de Claude Ponti, Ecole des loisirs, 21.50€
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Mao et moi : Le petit garde rouge de Chen Jiang Hong
Le sage conseil que le grand-père a donné à l’auteur enfant (« C’est en continuant que tu trouveras de nouvelles idées. Cherche encore ! ») a été entendu : les illustrations que nous avons sous les yeux en sont la preuve.
À travers le récit de son enfance pendant les années 1966-1976, par l’évocation de la vie de sa famille dans un petit appartement où trois générations habitent sous le même toit, « dans une grande ville du nord de la Chine », Chen Jiang Hong nous raconte la « révolution culturelle », restituant cette époque tragique telle qu’il la voyait, et les répercussions de la politique intérieure chinoise sur sa vie d’enfant et sur celle de sa famille, de ses voisins. Les scènes observées dans la rue alternent avec les scènes vécues dans l’appartement.
Sur chaque page, plusieurs images inspirées de la peinture chinoise traditionnelle sont accompagnées de quelques lignes de texte. Trait à l’encre noire avec des variations d’épaisseur, ombres grises, couleurs sourdes. La seule couleur vive est le rouge, omniprésente dans les scènes de groupe. Ce récit autobiographique, sobre et plein de finesse, par lequel Chen Jiang Hong explique indirectement le totalitarisme aux enfants, est écrit dans une langue très simple, accessible à des enfants de huit-neuf ans mais qu’il faudra relire après avoir grandi, pour mesurer l’écart entre ce qu’une première lecture « naïve » avait permis de comprendre et ce qui se laisse deviner entre les lignes. La simplicité volontaire des textes est là pour inciter à la contemplation attentive des images.
Jean-Michel
Mao et moi : Le petit garde rouge de Chen Jiang Hong, École des loisirs, 24.50€
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Tous ses petits canards de Christian Duda & Julia Friese
Un renard élève un petit canard, lui apprend comment se conduire avec les demoiselles, et, lorsque l’amoureuse de son pupille devient une jeune maman, explique à celle-ci comment couver ses œufs… tandis que gronde obstinément son estomac de renard, de carnivore, de prédateur !
Au fil des années, entourée par ce renard attendri de soins attentifs et d’affection, cette famille canard ne cesse de s’agrandir et emplit de ses générations successives les moindres recoins de la forêt – et les images de Julia Friese.
Ces illustrations mêlent collages, grattages, trames découpées, peinture à gros coups de pinceau, empâtements visibles et transparences, traits noirs de crayon gras volontairement imprécis, traits gris de crayon fin qui cernent à peine les formes. L’illustratrice a laissé visibles les esquisses de construction et les repentirs, et parfois les morceaux de papier collant qui font tenir sur une même double page plusieurs vignettes et les font ressembler à des photos souvenir qui dilatent le temps narratif et ménagent des pauses dans le récit. L’illusion de maladresse que créent cette juxtaposition et cette superposition de techniques est mise au service de la narration : elle renforce la naïveté de la fable et retarde le déclenchement des effets comiques, une illustration volontairement confuse ne prenant son sens qu’après la lecture du texte qui l’accompagne. Julia Friese sait que nous lisons l’image avant d’aborder le texte et qu’ensuite nous revenons sur elle.
Une histoire assez longue, une fable désopilante, à lire aux enfants à partir de cinq ans. Une fable sans moralité ? Qui sait ? Peut-être que tout homme devenu père est un renard qui se renonce…
Tous ses petits canards de Christian Duda & Julia FrieseTraduit de l’allemand par Violette Kubler, Être, 16,90 euros
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« La Nuit du visiteur » de Benoît Jacques
108 pages fleurant bon l’encre noire, âpre et épaisse ; 108 pages d’un beau papier mat idéal pour accueillir les linogravures au trait large et les jeux d’écriture les plus fins d’un Benoît Jacques au sommet de sa forme.
Mère-grand dure d’oreille ou qui feint de l’être est visitée nocturnement par un loup qui tente de se faire passer, à plus de vingt reprises, pour ce qu’il n’est pas : Désiré, Denis, Lucas, Abel, Roger… La mère-grand ne cède à aucune de ses avances masquées et sa mémoire défaillante (ou sa rouerie ?) prolonge encore le supplice de ce loup affamé qu’elle retient à la porte. Laissons le lecteur découvrir la chute délicieuse de cette histoire en randonnée, magnifiquement aboutie. Le Baobab 2008 de l’album est venu récompenser ce livre désopilant et créatif, et c’est rendre enfin hommage au travail ébouriffant de Benoît Jacques, artiste et éditeur talentueux et exigeant.
C’est un album à conseiller à tous les amoureux des jeux de mots et de situation, à partir de 8 ou 9 ans, et qu'on peut lire à des enfants plus jeunes, comme on lirait du théâtre ou comme on chanterait une chanson. Il y a dans La Nuit du visiteur une gaieté et un rythme qui ne sont pas sans rappeler ceux de Tout va très bien madame la marquise, chanson dont une partie du charme provenait des changements de locuteur et des modifications de la voix du chanteur. Alors chantez maintenant !
Claude
La Nuit du visiteur de Benoit Jacques, Benoît Jacques Books, 17 euros
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Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexie
Dans cette autobiographie fictive illustrée par ses propres dessins d’adolescent, Sherman Alexie raconte sa vie indienne dans une réserve Spokane. Avec humour et dérision, il en dresse un portrait réaliste et cruel. Frêle et malingre mais intelligent, il a envie de s’en sortir et le seul moyen est d’étudier en dehors de la réserve, puisque l’enseignement à l’intérieur n’est pas à la hauteur. Il doit alors faire face au racisme ordinaire du lycée, et au rejet de ses amis indiens qui considèrent son départ comme une trahison. Dur et fort, ce roman pour grands adolescents nous ouvre les yeux sur une réalité difficilement concevable aujourd’hui.
Blandine
Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexie, Albin Michel jeunesse, Wiz, 13€
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