vendredi, 17 octobre 2014
Rencontre avec
Linda Lê
mardi 21 octobre 2014
à 18 h 30
pour Œuvres vives, éditions Bourgois, 2014,
et Par Ailleurs, exils, éditions Bourgois, 2014
Œuvres vives
Un journaliste parisien en reportage dans la ville du Havre découvre l’œuvre d’Antoine Sorel. Le lendemain, il apprend que l’écrivain vient de se donner la mort. Bouleversé, il décide de mener une enquête sur ce romancier peu connu, qu’il veut révéler au monde en écrivant sa biographie.
Dans la ville du Havre, où le romancier a grandi et qu’il n’a jamais quittée, le journaliste rencontre son frère, son père, ses amis, et les femmes qu’il a aimées ou croisées. Chacun livre une parcelle de ce que fut la vie de cet homme étrange, petit-fils d’un paysan nord-vietnamien, vivant de rien, écumant les bars, et qui aura voué sa vie à l’écriture.
Qui était vraiment Antoine Sorel ? Comment a-t-il grandi ? Qui a-t-il aimé ? De quoi a-t-il souffert ? À travers les différents témoignages recueillis par le journaliste, se dessine peu à peu l’image d’un homme, constituée des fragments de la mémoire des uns et des autres.
Un portrait-puzzle qui dévoile les différentes facettes d’une personnalité complexe.
Œuvres vives est aussi un magnifique portrait de la ville portuaire du Havre, l’autre personnage du roman.
Par ailleurs (exils)
D’Ovide à Nabokov, en passant par Marina Tsvetaeva ou Benjamin Fondane, Linda Lê convoque les grandes figures littéraires de l’exil pour réfléchir à la place de l’étranger et à l’expérience de l’expatriation, voulue ou imposée par les circonstances.
Plus que le dépaysement géographique et culturel, c’est l’impossibilité d’habiter sereinement le monde qui constitue le fil rouge de ces textes. Le livre fait la part belle aux « exilés de l’intérieur » qui, à l’instar de Thomas Bernhard ou d’Antonin Artaud, se sont toujours sentis en marge de leur propre pays.
Méditation sur l’altérité et la tolérance, Par ailleurs éclaire la condition de l’écrivain.
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vendredi, 20 juin 2014
L’Autre Rive accueille le poète
Richard Rognet
photo C.Hélie
vendredi 27 juin 2014
à 18 h 30
Dans les méandres des saisons vient de paraître aux éditions Gallimard. Les saisons de la nature y reflètent les saisons de la vie intérieure d’un homme qui, en quelques années, a été frappé par plusieurs deuils – et qui n’a pas renoncé à rêver. Luttant pour s’arracher à la nostalgie du passé et pour reconquérir, dans sa plénitude, la sensation du moment présent, le poète est attentif aux renaissances des fleurs, aux voix des oiseaux, ainsi qu’aux métamorphoses du bleu, qu’il observe à la surface des eaux, dans la texture des nuages et sur le relief des pentes vosgiennes.
C’est là une ample série de poèmes, la plupart empreints de lyrisme et de musicalité ; mais ils ont aussi pour rôle de nous élever, par paliers, jusqu’à un autre ensemble de textes, ceux-là plus intimes et d’une parfaite limpidité, dans lesquels se dessine le vivant portrait de la mère défunte du poète – et nous entrons alors, non dans une seconde partie du livre, qui serait située à la suite du cycle des élégies de la nature, mais dans une sorte d’envers du recueil…
Le chant de Richard Rognet s’y révèle plus poignant que jamais.
Extrait :
La neige, fraîchement tombée sur le lac gelé,
aspire les fragments de bleu qui s’infiltrent
à travers les nuages gonflés de grisailles
mouvantes. Ainsi, la neige est bleue, on
croirait même qu’elle est le ciel, cet autre
ciel qui envoûtait mon enfance, lorsque
j’allais quérir une force nouvelle, au bord
de la rivière qui aidait mon image à devenir
celle du monde. Qui m’attend dans les recoins
de la mémoire ? qui d’autre, plus vivant,
plus allègre que moi ? qui, venu du passé et
proche du présent ? ce présent qui m’emporte
vers des lumières insoupçonnées que d’autres
adopteront, pour voir plus loin que les temps
morts qui empêchent d’entendre le souffle de
la vie. La neige sur le lac, ô la neige ! et
ceux qui voient, en elle, l’inoubliable écrin
de ce qui ne meurt pas.
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dimanche, 17 juin 2012
Lecture des FILS DE L’OGRE
Merci à Sophie David d’avoir photographié la soirée du 25 mai 2012,
où les libraires ont pris plaisir à lire à voix haute quatre nouvelles des Fils de l’ogre
et à dialoguer avec Mathis.
Merci au public pour son enthousiasme.
Paru il y a quelques années, Faire et défaire (2007) mettait en scène un père et son fils. Tous deux s’entendaient bien, étaient même complices, en dépit de l’alcoolisme du père, ce qui se traduisait, au sein de plusieurs histoires, par l’alternance des points de vue : le regard porté sur les événements était souvent celui du fils et de temps en temps celui du père, et leurs deux visions pouvaient se rejoindre. Dans Les Fils de l’ogre, le deuxième livre qu’a écrit Jean-Marc Mathis pour la collection « Nouvelles » des éditions Thierry Magnier, les relations entre père et fils ne sont pas harmonieuses du tout.
L’ogre a deux fils, qui ne sont encore que des enfants quand s’ouvre la première nouvelle. Tant qu’ils sont petits, Fred et Max l’appellent « papa ». Ce père est un maçon alcoolique, aux réactions imprévisibles. Il est sujet à des crises d’épilepsie, maltraite ses enfants, terrorise sa femme. Longtemps, il se maintient au sommet de sa puissance, puis nous assistons à son inexorable déchéance.
Les Fils de l’ogre est un ensemble de douze nouvelles, dont chacune se conclut par une chute inattendue, mais ces histoires n’acquièrent tout leur sens que prises dans leur totalité. Ce livre est donc un roman, et le lecteur accepte sans difficulté les ellipses temporelles ménagées entre ses divers épisodes. La construction du livre renforce en nous le sentiment qu’une fatalité pèse sur les personnages, et ce n’est pas par hasard qu’un de ses épisodes s’intitule précisément « Les maudits ».
Dans l’enfance, presque rien ne distingue les deux fils, Fred et Max, l’aîné et le cadet. Face à l’oppression paternelle, ils forment un être unique et vulnérable. C’est à l’adolescence qu’ils grandissent différemment et que leurs trajectoires se dissocient en profondeur, même si le lien de solidarité qui les unit ne se dément jamais. La dernière nouvelle est teintée de fantastique : le livre devait en passer par là pour suggérer que l’engrenage qui broie une enfance n’est pas toujours un mécanisme fatal.
Centrée sur les aventures de Fred et de Max, la narration fait également surgir de nombreux personnages secondaires, qui sont tous caractérisés par leur langage, par des façons de parler bien particulières que l’auteur recrée avec naturel, voire avec tendresse, mais elle ne fait aucune incursion dans la conscience de ce père dénaturé : l’opacité même de cet homme, tant pour ses fils que pour le lecteur, fait de lui un objet de fascination. Son intériorité demeure énigmatique, donc terrifiante. Ce choix narratif est tenu jusqu’au bout, mais il n’empêche pas certaines nouvelles de nous faire entrevoir un fragment de l’enfance de l’ogre, détail significatif ou dérisoire.
Cette œuvre plaira aux adolescents comme aux adultes. Elle est sombre et cruelle, parce que Mathis dépeint l’échec, la misère, les désastres familiaux, mais son humour est ravageur et tous ses personnages ont le relief et la respiration de la vie. L’humour noir est la poésie du désespoir.
Jean-Michel
Mathis, Les Fils de l’ogre
Éditions Thierry Magnier, collection « Nouvelles » (2012)
178 pages
10,10 €
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samedi, 26 mai 2012
Rencontre avec le poète
Richard Rognet
mardi 29 mai 2012
à 18 h 30
Élégies pour le temps de vivre (Gallimard)
Flâneries le long des sentiers de la mémoire, ces Élégies de Richard Rognet convoquent des instants d’enfance, d’amour et d’amitié, mais aussi le bruissement des feuillages, le déplacement des nuages, les mousses des forêts et les fleurs des jardins, les reflets et les ombres. Bien que teintés de nostalgie, de celle qu’éprouve un homme conscient d’être parvenu « aux lisières du monde », ces poèmes ne sont pas plaintifs. Ils célèbrent la vie, à travers l’évocation de ses mouvements les plus divers, de ses éclosions fragiles, de son invincible pouvoir de renaissance et de métamorphose. Les vers libres de Richard Rognet, au lyrisme contenu, mais parfois impétueux, vont du murmure au chant et du chant au murmure.
•
Après tant et tant de pluie, il fallait
bien que s’étranglent les nuages et
que se reconstruise la forteresse
du soleil. Tout commence au fond du parc,
les merles ragaillardis enchantent la lumière,
les herbes qu’on dit mauvaises, avec
les roses à moitié mortes, les cosmos,
les soucis, le romarin, célèbrent
à nouveau la vie autour de la maison.
Tout recommence, on est rassuré, on sent
qu’un souffle venu des champs se pose
calmement sur notre solitude. On
pourra lire encore, dans l’air apaisé,
les méticuleuses arabesques du temps.
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vendredi, 15 octobre 2010
Rencontre avec Vincent Borel et Sabine Wespieser
Vincent Borel
Antoine et Isabelle
éditions Sabine Wespieser
Antoine et Isabelle raconte deux histoires : celle de ce couple d’espagnols, grands-parents de l’auteur et celle d’une grande famille d’industriels lyonnais, la famille Gillet.
Antonio et Isabel ont connu la misère profonde de leur pays au début du XXème siècle, la défaite dans les rangs des républicains espagnols en 1939 puis la résistance à l’occupant nazi.
Les Gillet, puissants industriels lyonnais qui ont abandonné le textile pour la chimie, ne cesseront de prospérer au fil des guerres, fabriquant le gaz moutarde utilisé durant la première guerre mondiale puis le zyklon B qui servira dans les chambres à gaz de la seconde.
A travers le destin de ces deux familles, saga remplie de vies et d’évènements, Vincent Borel rend plus intelligible le XXème siècle sans jamais tomber dans le piège du manichéisme. Son roman ne juge pas mais donne à voir pour qu’on n’oublie pas.
ATTENTION
la rencontre aura lieu à 19h15
jeudi 21 octobre 2010
avec la participation de l'éditeur Sabine Wespieser, qui nous a fait découvrir, entre autres écrivains, Nuola O’Faolain et Duong Thu Huong.
Vincent Borel collabore à France Musique. Il est l’auteur de six romans dont Baptiste, évocation de la vie de Lully, qui vient de reparaître dans la collection Points Seuil.
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