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vendredi, 17 avril 2009

La reine des lectrices d’Alan Bennett

bennett.jpgAimez-vous les bonbons anglais, à la fois sucrés et délicieusement acidulés ? Si oui, précipitez-vous sur ce court roman qui distille avec finesse bien des observations pertinentes sur l’art de lire et les joies que nous procure la lecture.

 

L’héroïne de ce roman n’est autre qu’Elisabeth II, comme dans le film si caustique de Stephen Frears, The Queen. La reine donc, voulant remettre au pas ses chiens qui aboient fort désagréablement, découvre dans la cour des communs de Buckingham le bibliobus de Westminster. Elle y pénètre avec quelque hésitation, en ressort avec un roman d’Ivy Compton-Burnett et le mal est fait. Ayant commencé de lire elle ne pourra plus s’arrêter. À travers cette fiction Alan Bennett, romancier et dramaturge à la plume incisive, dresse le portrait d’une femme très occupée, soudain tombée en lecture comme on tombe en amour. Les notations de l’auteur sur la façon dont nous accaparent peu à peu ces histoires de papier sont d’une réelle finesse. Chaque lecteur est unique, son entrée en lecture a une histoire et celle-ci mérite qu’on s’y attarde. Car on ne vit plus de la même manière quand on fréquente assidûment les livres. Cette façon dont notre vie soudain prend du sens, dont nos moindres réflexions entrent en écho avec tant d’autres, cet enrichissement de notre « théâtre intérieur », tout cela est magistralement dit.

 

« Sa charge impliquait qu’elle manifeste de l’intérêt envers un certain nombre d’activités, non qu’elle s’y intéresse pour de bon. De surcroît lire n’était pas agir. Et elle, elle était une femme d’action ». Ce temps-là est révolu, sa majesté est passée de l’autre côté du miroir, de ce côté où on prend le temps de penser, de rêver… Rejoignez-la vite !

 

Claude

La reine des lectrices, Alan Bennett, Denoël, 12 €

mardi, 25 novembre 2008

Un pays à l'aube de Dennis Lehane

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Les nombreux et fidèles admirateurs du romancier américain Dennis Lehane (Mystic river, Shutter island) risquent d’être un peu désorientés à la lecture d’ Un pays à l’aube ( The Given day) que vient de publier son éditeur habituel les éditions Rivages.

D’abord parce que ce gros roman de 750 pages curieusement édité dans la collection Thrillers n’est pas – disons le tout net – un polar, même s’il flirte avec le genre et même s’il n’y a jamais eu autant de flics dans un livre.

Ensuite parce que les premières pages ( une vingtaine seulement, courage !) décrivent un improbable match de base-ball, sport auquel les français dans leur immense majorité ne comprennent strictement rien.

Passé ce petit obstacle il vous reste plus de 700 pages à déguster façon Lehane, c’est dire si le roman paraît court.

Les flics en question sont ceux de Boston, ville chère à l’auteur qui y situe l’action de tous ses livres. Tous Irlandais d’origine, tous catholiques, tous réacs mais tous unis pour créer un syndicat ( My God !) et se mettre en grève afin d’améliorer leur sort dans cette Amérique de 1919 où la vie est dure pour les pauvres. Sur fond de luttes politiques ( anarchistes et communistes sont barbus à souhait) syndicales et raciales, Dennis Lehane bâtit une histoire passionnante dans laquelle Luther Laurence, jeune noir de l’Ohio et Dany Coughlin, flic en rupture avec le clan familial, se partagent les premiers rôles.

Comme toujours les personnages sont attachants et font passer en douceur une vision par trop idéaliste de l’homme dans une Amérique qui se construit dans la violence et qui est en train de devenir la grande puissance que l’on connaît.

Qui a dit qu’on ne faisait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ? Pas Dennis Lehanne, c’est sûr.

Jean-Bernard

 

Un pays à l'aube de Dennis Lehane, Rivages Thriller, 23

Une partie du tout de Steve Toltz

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Jasper Dean, le narrateur,  met à profit son incarcération dans une geôle australienne pour réfléchir à son parcours familial et particulièrement aux liens atypiques entretenus avec son père Martin, homme paranoïaque, misogyne et philosophe.

Sur un rythme effréné et jamais altéré, ce premier roman aborde  à travers une  odyssée familiale des thèmes aussi divers que la vie en prison, les rapports père-fils, l’éducation, les femmes, etc.
Steve Toltz met en application avec brio tous les ressorts du roman, de la farce à l’épopée sans omettre le conte philosophique. Grâce à une construction singulière et un ton comique du meilleur effet, il surprend et entraîne son lecteur sans jamais le perdre.
Le propos de l’auteur est simple, notre accès à la réalité est illusoire puisque nous n’en percevons qu’une infime partie, aussitôt faussée par l’interprétation. Vive la littérature !

On sort de cette lecture ébahi et souriant.

Louise.


Une partie du tout de Steve Toltz, traduit de l’anglais (Australie) par Jean Leger, Belfond, 23 €

Le convoi de l'eau d'Akira Yoshimura

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Comme Les Oiseaux du norvégien Vesaas ou La Saga de Youza du lithuanien Baltouchis, Le Convoi de l’eau du japonais Akira Yoshimura qui vient de paraître chez Actes Sud pourrait bien devenir l’un de ces livres qui marquent de leur empreinte indélébile la mémoire des lecteurs, établissant entre eux et leurs libraires une délicieuse complicité.


La magie de ce livre tient autant à l’atmosphère envoûtante d’une vallée de haute montagne noyée de brume et de pluie qu’à l’art du narrateur découvrant peu à peu une étrange communauté peuplant un hameau oublié des hommes et condamné à être englouti sous les eaux pour laisser place à un immense barrage.


Fable sur notre monde actuel massacreur de planète ? peut-être. En tous cas une provision d’images inoubliables.

 

Jean-Bernard

 

Le convoi de l'eau d'Akira Yoshimura, Actes sud, 16