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jeudi, 10 septembre 2009

L'AUTRE RIVE au LIVRE sur la PLACE

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Edition 2009 du 18 au 20 septembre

Auteurs présents sur le stand Littérature de L’Autre Rive :

 

 

 

Éditions de l’Amandier

            Hugo Paviot                                    Manouche pas touche !                S D

 

Éditions Buchet-Chastel

            Michel Picard                     La cata                                                D

            Anne de Rancourt             Un mètre quatre                           S D

 

Éditions Denoël

            Gérald Bronner                 La pensée extrême                                   S D

            André Bucher                      La cascade aux miroirs                        S D

            Serge Mestre                      La lumière et l’oubli                         S D

            Laurent Quintreau            Mandalas                                            D

            Claude Villers                    Le nord du Nord                          S D

 

Éditions Serge Domini

            Philippe Ancel                    Les visages de mon peuple                 V S D

            Christophe Balland            Le temps des mirabelles                   V S D

            Henri Claude                       Saint-Nicolas-des-Lorrains à Rome   V S D

            Olivier Lalonde                  Les frères Voirin                           V S D

            Robert Lavaux                    Nancy Un siècle de commerces            V S D

            Paul Lebœuf                      L’Opéra de Nancy                              V S D

            François Le Tacon                        Émile Gallé : Nature et

                                                            symbolisme, influences du Japon  V S D

 

Éditions Gallimard

            Tahar Ben jelloun                  Au pays                                           S

            Alain Blottière                  Le tombeau de Tommy                   S D

            Françoise chanderganor      Voyageuse de nuit                          S

            David Foenkinos                La délicatesse                                S D

            Yannick Haenel                 Jan Karski                                      S D

            Claude Lanzmann              Le lièvre de Patagonie                   S

            Marie NDiaye                      Trois femmes puissantes                V S

            Pierre Péju                           La diagonale du vide                    S D

            Laurence Plazenet             La blessure et la soif                       S D

            Mathieu Terence                L’autre vie                                      S D

            Anne Wiazemsky               Mon enfant de Berlin                        S D

 

Éditions Le Manuscrit

            Régine jacubert                 Fringale de vie contre usine à mort            D

 

Éditions du Mercure de France

            Jocelyne François              Le solstice d’hiver

                                                            (journal 2001-2007)                           S D

 

Éditions de l’Olivier

            Thierry Hesse                      Démon                                                V S D

 

Éditions Phébus

           Bernard Ollivier                       Aventures en loire                               S D

            Pierre Pelot                          Promeneurs sur le bord du chemin     S D

 

Éditions du Seuil

            Marie Treps                         Les mots migrateurs                              S D

 

Éditions Tallandier

            Frédéric Martinez             Claude Monet une vie au fil de l'eau        S D

Commentaires

Pour cette rentrée, des livres d’auteurs indiens d’importance, peut être pas en tant qu’auteurs, mais en tant que compréhension et approche de la complexité de l’Inde (encore que cela se passe surtout dans le nord du sous continent. Je ne suis pas certain qu’il en soit de même pour ce qui est de la région plus au Sud (Mumbai (ancienne Bombay), Chennai (Madras) et autres Bangalore ou Hyderabad).

« Le trône du paon » Sujit Saraf (Grasset ed)
« Histoire de mes assassins » Tarun Tejpal (Buchert Chastel), déjà l’auteur l’an dernier de « Loin de Chandigarh » (cf la critique que j’en ai faite vers mai-juin 09) (bof pas trop terrible)
« L'Inde en héritage » Abha Dawesar (Héloise d’Ormesson)
J’y ajouterai « Une nuit @thecallcenter » de Chetan Bhagat (Stock), quoique…

J’ai commencé par lire « Le trône du paon » (806 p), découpé en périodes (1984, 90, 92, 96 et 98) pour suivre l’évolution des personnages. On part de 84 le jour de l’assassinat d’Indira Gandhi et cela finit par la députation (fantoche) de Gopal Pandey, dont le nom va évoluer en Das, au Congrès pour le PPI (en fait Indian National Lok Dal, le parti du peuple indien, celui de la famille Gandhi). C’est donc tout une fresque de l’Inde moderne, avec son développement économique (et ses laissés pour compte).

Déjà surprenant de voir que dans ce pays, la plus grande démocratie du monde, le PPI est en fait au service d’une famille. Cela m’avait choqué en février de voir les affiches à l’approche des élections sur lesquelles on retrouvait toute la famille Gandhi. Après Nerhu, Indira, Rajiv, (le 2eme fils, le 1er (Sanjay) ayant été tué dans un accident d’avion (pas de chance) ), puis Sonia et Rahul.

A propos d’Indira (qui vient d’être assassinée au premier chapitre) et laisse sa place à Rajiv, cette phrase du livre (terrible, mais qui dit tout) « la chienne est morte et son chiot est roi »

Qu’est ce que le trône du paon ? C’est à l’origine un trône créé pour l'empereur Moghol Shah Jahan, au 17eme du temps d’Henri IV donc. C’est lui qui possédait aussi le célèbre diamant Koh-e-Noor. C’est aussi lui qui a fait construire la Taj Mahal pour sa épouse favorite Mumtaz Mahal. (Ceci dit, plutôt que d’aller voir le Taj Mahal, à Agra, allez de l’autre coté de la Yamuna, voir le Baby Taj (construit pour un des ministres de Shah Jahan, c’est plus joli et il y a moins de monde, ou quasiment personne). Donc, revenant au trône du paon, il s’agit d’un trône ayant la forme de deux paons couverts de pierres précieuses (saphirs, rubis, émeraudes et perles) qui représentent la vie. C’est ce que l’on retrouve dans le livre (avec quelques autres épisodes ou explications touristiques (le Fort Rouge) ou la construction de Delhi (en fait Old Delhi (ou Dilli), par opposition à New Delhi, construite par les anglais autour de Connaught Place, plus au Sud-ouest. L’action se passe donc autour de Chandni Chowk et ses rues (ruelles plutôt) avoisinantes, avec comme extension latérale en EW, de la mosquée de Fatehpuri (Fathepuri Masjid) juste avant le bazar aux épices (Khari Baoli), au Fort Rouge (Lal Qila) et à la riviére (Yamuna), et en NS, de la gare de Old Delhi à Chawri Bazar (le quartier des livres et papiers). Ce quartier a été le siège de l’empire Moghol pendant plus d’un siècle. On retrouve également des références à Shah Jahan, pour la succession duquel deux frères Dara Shikoh et Auranzgeb vont se battre. Ce dernier l’emporte après des batailles intestines au cours desquelles son père est enfermé dans le Fort d’Agra et son frère est exécuté. Le règne d’Auranzgeb (musulman) est marqué par la volonté de destruction des symboles de la religion hindoue comme la destruction des temples de Vanarasi (Bénarès) ou d’Ayodhya. La destruction de la mosquée de Babri (Babri Masjid) en 92 (le chapitre 3) au cours de laquelle Gauhar a failli perdre la vie, ne fait que reproduire les évènements du 17eme. De même que l’immolation (provoquée plutôt qu’auto-immolation) du fils de Gopal (Mukesh Pandey) en 90 reprend un évènement réel, en réaction contre les lois Mandal qui recommandaient l’introduction dans la fonction publique de quotas pour les Autres Classes Défavorisées (Other Backward Classes ou OBC)

Donc l’action débute en 84 dans le quartier marchand de la vieille ville de Delhi, centré autour de la rue (plus que très animée) de Chandni Chowk. Il faut avoir vu cette rue et ses boutiques, puis la place devant la mosquée de Fatehpuri qui donne accès au quartier aux épices (Khari Baoli) (rassurez vous, il y a un plan au début du bouquin). Il faut avoir vu aussi les ruelles qui en partent et qui vont toutes vers des bazars à métiers uniques : saris et soie en haut de Chandni Chowk vers la mosquée Fatehpuri (là où Gopal a sa boutique), quartier des livres et des imprimeurs vers le sud (Chawri Bazar), quartiers des pièces de voiture ou des orfèvres près de la grande mosquée (Jama Masjid), quartier de l’électronique de maison (là ou Kartar Singh a sa boutique) à l’opposé vers le Fort Rouge (imposante construction des Moghols).
84 donc, émeutes interconfessionnelles des hindous (dont Indira était la « mère ») contre les musulmans (pour qui Indira était « une putain »), souvent pakistanais, ou pire bengladeshis, plus pauvres, ou contre sikhs (ou sardars). Ce sont en effet ces derniers (ses gardes du corps) qui ont assassiné Indira. Très vite, au fil des 130 p du premier chapitre, on voit monter l’intolérance latente et la chasse au sikhs (Kartar Singh) qui s’organise. Les différents personnages sont campés, qui se retrouvent d’abord séparément dans les premiers sous-chapitres, puis dans le dernier on voit monter l’intrigue qui va se développer dans les années futures.
Ce chapitre fixe déjà toute la scène. On y voit Delhi dans sa partie populeuse, avec ses boutiques et ses codes (le service du thé ou chai), la corruption rampante (à travers les divers services de police) liée à la misère générale (les bidonvilles bengladeshis, réservoirs potentiels de voix pour l’élection de Naresh Babu (babu désigne un employé d’état important)).

On suit les différents personnages (un marque-page fourni avec le livre reprend la liste et un descriptif des principaux personnages) dont un marchand de thé (Chaivala, vala voulant dire homme du métier) Gopal Pandey (pandey voulant dire snob), un bangladeshi manchot (Gauhar Muhammad) et une népalaise (Kiran), en fait fille d’une prostituée (Gita, dite aussi Gulmohar) et d’un personnage douteux, ouvrier des basses œuvres du parti que l’on suit également (Ramvilas). On croise et suit aussi des commerçants au bord de la politique (Kartar Singh, ou le déjà nommé Ramvilas) ou Suleman, musulman notoire, et Naresh Agrawal (député musulman) qui ouvre un village aux bengladeshis près du Fort Rouge, et des prostituées (Gita Didi), ainsi qu’une journaliste occidentale (Chitra Ghosh, didi voulant dire soeur), qui fonde une ONG et s’occupe des enfants abandonnés (le lien avec Gauhar). Tout ces acteurs évoluent dans le quartier de Chandni Chowk au cours des années 84-98, avec ses soubresauts politiques liés à l’assassinat de Indira, et les rivalités entre hindous et musulmans.
Les différentes périodes, formant autant de chapitres, décrivent la vie et les bases manoeuvres de tout ce petit monde. Chaque chapitre se termine pratiquement sur un drame. Les émeutes anti-sikhs en 84, dont Kartar Singh va être la victime. L’immolation ( ?) du fils de Gopal (Mukesh), qui en fait est drogué et a été arrosé de kérosène au préalable. La destruction de la mosquée de Ayodhya (Babri Masjid), avec la participation active de Gauhar. La destruction enfin et la démolition de certaines boutiques « illégales » du quartier de Chandni Chowk et du temple d’Hanuman (le dieu singe). En trame de fond, on retrouve les luttes d’influence des différents groupes religieux, avec une tragédie finale pour chacun. Cela écorne quelque peu la notion d’Inde en tant que berceau de la démocratie et de la tolérance. On se rend compte aussi très vite que, comme souvent ou toujours, ce sont les « petites gens » qui sont manipulées par les politiques ou commerçants aisés et instruits.
En conclusion, si l’on peut dire, cette phrase qui résume bien l’atmosphère du livre « Qu'arriverait-il si "l'homme de la rue", dont les politiques font si grand cas, accédait soudain aux plus hautes fonctions ? »
Un mot aussi à propos de la traduction (par Françoise Adelstain). C’est remarquablement traduit, avec par ci par là des termes spécifiques (chaivala, rickshawala). Un glossaire se trouve en fin de livre, on peut s’y reporter. Mais je trouve que l’on se fait très vite à ces termes, qui ajoutent à la diversité culturelle et linguistique de l’Inde. On y parle l’hindi et l’anglais en tant que langues officielles, mais l’ourdou, le kashmiri ou le bengali font partie des 22 (au moins) langues officielles. J’aurais trouvé dommage que l’on traduise tous ces termes.


Autre livre, autre atmosphère. « L'Inde en héritage » d’Abha Dawesar (Héloise d’Ormesson), 320 p.
Un petit garçon écoute le monde qui l’entoure depuis sa chambre, située entre les cabinets de consultation de ses deux parents médecins. Tout y passe, depuis les maladies (et médicaments) qu’il assimile (à l’aide d’un dictionnaire), jusqu’aux faits divers (arrestation d’un trafiquant d’armes) vus à la télévision. Les mœurs de la société indienne sont aussi passées au crible, comme l’astrologie des mariages plus ou moins forcés et décidés par les parents (tout une malédiction que d’avoir une fille qu’il faudra marier, et donc doter). Tous les faits divers y passent, y compris l’assassinat de Miss Shampoing (une pin-up qui affole les populations), résumé en un chapitre (court il est vrai) « Miss Shampoing est morte ».
En passant, on voit que les noms des acteurs sont remplacés par des pseudos (Miss Shampoing, Père, Cousin, Cousine, Psoriasis ou Prout). Au début, on trouve ça pas trop mal, puis on se lasse. Il faut espérer que c’est une erreur de traduction (je n’ai pas voulu poser la question à l’auteur au cours du « livre sur la place »).
Franchement, j’ai eu du mal à finir le livre. C’est parfois pénible à lire, sans souffle, et répétitif. Dommage pour l’auteur, elle aurait pu en faire un livre intéressant.

Dans « Histoire de mes assassins » de Tarun Tejpal (Buchet Chastel), autre pavé de 592 p, l’histoire commence par la nouvelle que les potentiels assassins de l’acteur principal, journaliste, viennent d’être arrêtés par la police. Information toujours intéressante, surtout si l’on ignorait la menace (ce qui est le cas). Ces cinq là (Chaku, Kabir, Kaliya, Chini et Hathoda Tyagi) sont les victimes du système des castes ( ?) en usage en Inde. En fait ce sont des petites frappes destinées à faire taire un certain journalisme d’investigation.
En fait le livre et divisé en 9 chapitres, qui encadrent la vie et l’histoire de chacun des « assassins », (excepté pour Kaliya et Chini qui n’ont droit qu’à un chapitre pour deux). Entre, on suivra le déroulement de l’enquête et les batifolages du journaliste, acteur principal, avec Sara (on a compris que ce n’était pas sa femme).
Les chapitres consacrés aux petites frappes sont assez inégaux entre eux, et n’ont que peu de relations entre eux (en fait 4 ou 5 histoires séparées dans le livre). Le chapitre 2 est donc intitulé Chaku (couteau). On aura compris que ce tueur (Tope Singh, de son vrai nom, c’est à dire Canon Singh, vous lirez dans ce chapitre l’histoire du canon) use d’un couteau (de marque Rampuria). Pratique, ça sert pas seulement à tuer, mais permet des raffinements de dessins sur la peau (avec accessoirement écoulement du sang pendant un certain temps, assez long pour que le châtiment (la mort) soit accompli). On découvrira également dans ce chapitre les utilisations multiple du hacheur à fourrage, ou les différentes façons de planter des drapeaux (ou autres) sur les victimes. (On trouvera plus loin, dans l’avant dernier chapitre un sous chapitre « Un rectum d’acier », mais là pris au sens figuré, puisqu’il s’agit de courage).
Le chapitre suivant (ou presque) est consacré à Kabir M (M pouvant avoir plusieurs sens pour son père, et être censé pouvoir protéger le dit Kabir en fonction des rencontres diverses qu’il pourra faire). On verra que ce n’était qu’une protection verbale. On verra aussi plusieurs exemples des utilisations diverses d’objets et de décorations servant à orner ses victimes. Le pauvre Kabir finira ses jours en prison, où il est nourri et logé, mais surtout tranquille, et où il sculpte des oiseaux, après un sauvage contact intime avec des chaussures de policiers.
Le chapitre double consacré à Kaliya, Chini traite effectivement de ces deux jeunes garçons, dont le domaine est essentiellement la gare de Delhi (en fait New Delhi, contrairement à la vieille gare de Old Delhi du « Trône du paon »). Tout un symbole, Kaliya (de Kallu, noir) est donc noir de peau (et du plus beau noir foncé). Son protégé est plus clair de peau, mais est d’origine chinoise par ses yeux bridés (d’ou le surnom de Chini). Les deux gamins font partie d’une bande d’enfants plus ou moins abandonnés ou livrés à eux mêmes et qui règnent sur la gare. On retrouve ces enfants en train de faire tous les tours pendables, allant jusqu’à sauter à travers les voies à l’approche des trains (ça existe encore), ou partager la gare avec des rats gros comme des lapins (il y en a toujours de cette taille dans les gares la nuit).
Ayant gardé Hathoda Tyagi pour la bonne bouche, c’est effectivement lui le plus dangereux (il a un rectum en acier, selon le conseil de son mentor, ancien policier). Son arme de prédilection est un marteau à manche long. Rapide ascension dans le milieu, entouré de chiens et se faisant lécher le cuir chevelu par une bufflone. Caractère trempé, avec quelquefois cette lumière rouge qui le fait devenir extrêmement violent. Presque ascétique, et ne d’adonnant pas aux autres plaisirs.
Je ne dévoilerai pas la fin de l’histoire, ni le pourquoi ou comment du prétendu assassinat. Lisez le livre. Je ne dirai que cela donne l’occasion à quelques rebondissements quant au pourquoi de l’affaire. La terminaison de l’épisode est aussi quelque peu abrupte. Comment finir un livre, sinon en tuant les acteurs ? En arrière plans, on retrouve toutes les dérives de l’Inde, corruption, misère et débrouille des petites castes.
Quelques passages délicieux (cf le premier chapitre) « Cette année là, les pluies flanèrent jusqu’en septembre, avec des assauts épileptiques ». « Le gouvernement a besoin de papier comme le buffle a besoin d’herbe ».

Pour ce qui est de « Une nuit @thecallcenter » de Chetan Bhagat (250 p, Stock), il m’a été signalé par un de mes collègues indiens à qui j’avais fait part de mes lectures. Cela m’a été présenté comme étant le PG Wodehouse indien. Je n’avais plus qu’à commander et lire.
Dans un call center de la banlieue de Delhi, Sam (de son vrai nom Shyam) est entouré de nombreux collègues, hommes et femmes. On retrouve Vroom, qui drague Esha, laquelle ne pense qu’à devenir mannequin, ou Radikha, jeune mariée qui a troqué ses jeans pour le sari traditionnel, en conformité avec sa belle-famille très conservatrice, ou encore Tonton Garde-à-vous, enfin, retraité de la fière armée indienne, qui veut arrondir ses fins de mois.
Ils répondent tous au téléphone (le callcenter) à des questions saugrenues (cf notre svp). Et ce jusqu'à la nuit de Thanksgiving au cours de laquelle Dieu en personne va les interpeller. (eh oui on fête aussi en Inde, en gros à la même date (fin novembre), l’arrivée des blancs en Amérique (avec la traditionnelle dinde).
A vrai dire, j’ai commencé, puis stoppé ma lecture. Après les deux précédents livres (pardon pour Abha), il ne convenait pas de lire quelque chose de plus mièvre…
J’en reparlerai (peut être) une autre fois..

Écrit par : jlv-inde1 | lundi, 21 septembre 2009

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fort content de voir dans le Monde de vendredi dernier (02 oct), on y prlit de l'inde et des 3 livres que j'avais presentés auparavant.
depuis j'ai commencé à lire d'autres choses (nouvelles japonaises de 1940 a nos jours), d'autres romans indiens (rohinton mistry) ou turcs (une apologie d'Ataturk)
j'en reparlerai quand j'aurai un peu plus de temps.

Écrit par : jlv-inde1-1 | lundi, 05 octobre 2009

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Pour poursuivre mes lectures turques, un autre livre, ancien celui la, d Orhan Pamuk « Le Livre Noir » (94, Gallimard, 476 p.),
Galip, stambouliote et double d’Orhan Pamuk, erre dans sa ville à la recherche de son épouse, Ruya, qui a disparu, et de son cousin, (ou beau frère) frère spirituel, Djélal, journaliste épris de mystique soufie. Ce dernier tient une chronique à succès dans le journal Milliyet . On va donc le suivre à travers Istanbul, et précisément sur la rive européenne, dans les quartiers où OP a passé son enfance. On retrouve donc dans ce livre, paru en , des clichés que l’on retrouve dans les livres postérieurs de OP, tels « Istanbul » (07) ou « D’autres Couleurs » (09). Curieusement, on retrouve aussi la neige, personnage, si l’on peut dire, du roman éponyme (06).

Lors de cette errance urbaine, quelquefois souterraine, on assiste en fait à une visite de l'inconscient. On a parlé d’un pendant oriental de « Ulysse » à propos du « Le livre noir ».
Effectivement, on retrouve une unité de lieu, Istanbul et de temps (une semaine) que l’on retrouve en cadre de ses autres romans.
L'histoire se déroule en hiver, commence dans la neige, puis sous la pluie et dans la boue.
On commence aussi (les chapitres 1-2 et 1-4) par évoquer le Bosphore et la boutique d'Alâaddine. Cette dernière est le témoin d'un âge d'or, hélas disparu. Le Bosphore, tel qu’il est aujourd'hui, se transforme bientôt en une vallée asséchée, dans un chapitre assez hallucinant, puis en décharge à ciel ouvert, tapissée « de champs de méduses et de capsules de bouteilles de limonade » mais aussi « de squelettes de Celtes et des Lyciens, [ ] des trésors byzantins tapissés de moules, de couteaux et de fourchettes transatlantiques[ ], des charognes de galères au nez pointu » et de Cadillac noires (on retrouve souvent ces voitures au cours du livre, toutes de modèle 56).
Effectivement cela peut faire penser à « Ulysse », au sens où l’on assiste à un parcours dans les rues d’Istanbul, à des heures les plus diverses. Cette promenade, très erratique, se déroule aussi bien dans les rues que dans les souterrains. A ce sujet, l’épisode dans les galeries du fabriquant- collectionneur de mannequins (chapitre 1-17 « M’avez vous reconnue ? ») est assez étonnant. Il s’ensuit une vue du Bosphore dans le futur proche, quand ce détroit aura été asséché. « Les chasseurs d'épaves, qui gagnent leur vie en ramassant les monnaies byzantines ou les boîtes de conserve vides apportées par les tempêtes du vent du sud, vivront alors de la récupération des vieux moulins à café en cuivre, des horloges aux coucous verdis par la mousse et des pianos noirs que les inondations arrachaient autrefois aux maisons de bois bordant les deux rives et s'entassaient dans les profondeurs du Bosphore ».
On trouve aussi dans le livre de belles digressions ou des délires. Ainsi les passages à propos de Mevlana, (Djalal Al-Din Rûmi en persan) poète soufi, dont on trouve quelques histoires tirées du Mesnevi, ou allusions (la femme qui meurt en faisant l’amour avec un ane, ou celle de l’Histoire du concours de peinture).(-A vrai dire cela ouvre des possibilités insoupçonnées, comme quoi la littérature….). On y lit aussi des petites histoires telle celle du bourreau Kara Eumer (et sa tête dans un sac de cuir plein de miel (chapitre 2-6 « Le bourreau et le visage en pleurs »), celle de Chems de Tebriz ou la belle histoire du prince impérial Osman Djelalettine (on note au passage la ressemblance des noms avec le journaliste que Galip recherche) (chapitre 2-16 « L’histoire du prince impérial »). Bref autant de digressions qui font de cette recherche, une errance (dans la ville et dans le passé).
Donc on suit Galip jour et nuit pendant une semaine dans Istanbul toujours à la recherche de sa femme Ruya. Celle ci lui a laissé une lettre mystérieuse où le jeu ou l’adieu ne sont pas clairs. Galip fouille donc dans ses souvenirs et dans le passé de Ruya. Il lit et relit aussi les articles de Djélal. On assiste donc à une errance dans le vieil Istanbul et les retours des fantasmes d’OP, comme de ses souvenirs d’enfant (les premières bandes dessinées et comics américains (Tom Mix)), des dessins évoqués par la superposition des plans de Damas, du Caire et d’Istanbul, ou encore des lettres qui apparaissent sur le visage des gens. Toutes ces fantasmagories remontent à la petite enfance de Galip (et de Ruya) et lui reviennent en mémoire comme autant d’indices susceptibles de l’idée à décoder les messages (cf le Secret des Lettres et La Disparition du Secret, œuvres d’un dénommé F.M Uchtundju).
Les relations entre le livre, le lecteur et l’auteur, ne sont pas non plus passées sous silence. C’est un thème récurrent chez OP (cf « D’autres Couleurs ». Ainsi les dernières lignes du livre (entre autres) « Sauf l’écriture, oui bien sur, sauf l’écriture qui est l’unique consolation ».


Autre turquerie lue (ce fut la mode à Lunéville cet été pour d’autres raisons)
Nedim Gürsel est lui aussi poursuivi en Turquie pour « dénigrement des valeurs religieuses de la population », dépeint dans un roman « Les Filles d’Allah », grande fresque historique où la vie du prophète de l’islam se superpose à celle d’un jeune officier ottoman contraint de défendre Médine contre ses corréligieux. A noter que ses autres livres « Un long été à Istanbul » (80) et « La Première femme » (86) lui ont valu d’être accusé respectivement « d’offenses aux forces de sécurité nationale », et « d’offense à la morale publique ». Avec de telles casseroles, Siné, chez nous, serait déjà pendu ou guillotiné depuis longtemps.
Pour Nedim Gürsel, les rives du Bosphore sont au carrefour de ses souvenirs et de toutes les histoires, comme pour Orhan Pamuk. Comme ce dernier, il prétend au rôle des écrivains dans la pensée politique. « Maintenant je ne me sens pas en exil, je suis un peu à cheval entre Istanbul et Paris, je dis toujours métaphoriquement que je suis comme le pont sur le Bosphore, qui ne relie pas seulement les deux rives, la rive asiatique et la rive européenne, mais aussi les hommes et les cultures. » et aussi « Je crois que c’est cela le rôle de l‘écrivain, car la littérature est universelle, elle rapproche les hommes entre eux… ».


Enfin pour finir le trio turc (j’aurais ou en mettre d’autres, mais il faut bien tenir la chronique), lu aussi « le Mandarin miraculeux » de Asli Erdogan (06, Actes Sud, 112 p). C’est court et cela se lit vite, mais reste à moitié turc dans la mesure où l’action se passe à Genève (dans le quartier turc, ou plus généralement les étrangers vivent, il est vrai). (On est bien en Suisse, et les « vrais suisses » n’hésitent pas à dénoncer tout écart de conduite de ces non-suisses). Donc c’est l’histoire d’une jeune femme, borgne, qui vient de perdre son compagnon Sergio et qui doit affronter la vie avec son unique œil restant.
Au passage, on se pose la question pour d’autres borgnes ou aveugles célèbres. Que serait il arrivé à la suite de l’histoire d’Œdipe (et d’Antigone) si Œdipe ne s’était crevé qu’un seul œil. A vrai dire tout le dilemme oedipien est là, ainsi que celui d’Antigone (cf le récit qu’en fait Henri Bauchau, (« Antigone », Actes Sud, ou mieux, la trilogie « Antigone » - « Oedipe sur la route » - « Diotime et les lions », tous à Actes Sud). C’est bien plus beau que les pièces de Jean Anouilh (et peut être même de Sophocle). Peut on envisager Antigone qui n’a plus à conduire son père, non pas aveugle, mais mi-voyant.
Revenant au Mandarin miraculeux, on trouve dans ce livre, outre l’histoire du dit Mandarin, qui va chercher l’amour dans les bras d’un prostituée et doit affronter des bandits, (lisez la suite c’est beau), tout une thématique de l’approche du danger comme défi. Intéressant du point de vue de l’approche du handicap et de la vision que nous (les non-handicapés) pouvons en avoir.

Écrit par : jlv-turcs1 | samedi, 24 octobre 2009

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