Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« 2009-04 | Page d'accueil | 2009-06 »

jeudi, 07 mai 2009

En cage de Kalisha Buckhanon

en cage.jpg

Et si on essayait de ne pas oublier les adolescents ?

 

Antonio et Natasha, sont amoureux, ont des projets d’avenir mais sont encore jeunes. Antonio est incarcéré pour avoir tué son père violent. Nous lisons donc leur correspondance qui durera presque 10 ans, soit la durée de la peine. Dure est la prison, difficile la vie à l’intérieur. Il est compliqué de comprendre le monde qui avance sans soi. Impossible d’imaginer la vie carcérale quand on n’y est pas, et comment continuer à vivre et faire des projets quand son amour, celui qu’on a choisit doit rester sur le bord du chemin ? Ensemble, ils vont évoluer, se soutenir, grandir, devenir.  Les lettres se suivent, se complètent, se répondent, Natasha deviendra avocate, quittera Harlem, Antonio prépare sa sortie, essaye de ne pas couler, cherche le soutien de son amour, s’accroche à elle comme à une bouée de sauvetage, elle est son espoir. Mais la question reste ouverte : est-ce vraiment lui l’assassin de son père ?

La pensée et le style des lettres évoluent au fil du temps, celles-ci deviennent plus mûres, plus réfléchies. Antonio et Natasha devront faire des choix, renoncer et se créer un nouvel avenir.

Roman épistolaire fort, vrai et touchant, très bien mené.

                                                                                                                 Blandine

 

En cage, Kalisha Buckhanon, Le Rouergue, collection Doado monde,13.50euros

Prix Sorcières 2009

Le 16 mars 2009, au Salon du Livre de Paris, ont été remis les Prix Sorcières 2009, délivrés par l’Association des Libraires Spécialisés Jeunesse, en partenariat avec l’Association de Bibliothécaires de France. Symbole de complémentarité entre deux métiers, ce prix affirme le souhait de partager avec les enfants, du plus petit au plus grand, des livres qui ne laissent pas indifférents, des livres pour se construire en toute liberté, en toute curiosité.

 

Catégorie Tout-petits

raymond.jpg

Raymond rêve

d’Anne Crausaz, éd. Mémo

 

 

Un coup de cœur.

 

Catégorie Albums

garmann.jpgL’été de Garmann de Stian Hole, éd. Albin Michel

Un album surprenant sur la peur de grandir. Venez découvrir également son nouvel album : La rue de Garmann, aussi réussi.

 

 

 

 

 

 

 

Catégorie Romans 9-12 ans

 

arche.jpg

 

L’Arche part à huit heures d’Ulrich Hub, éd. Alice jeunesse

Rencontrez-donc ces pingouins et cette colombe embarqués sur l’arche de Noé. Un livre drôle et frais qui est aussi un petit roman philosophique.

 

 

 

 

 

 

Catégorie Romans adolescents : Ex-æquo

 

 

be safe.jpgBe safe de Xavier-Laurent Petit, éd. Ecole des loisirs

Un regard critique sur la guerre quelle qu’elle soit.

 

 

 

 

 

 

 

Le dernier Orc de Silvana de Mari, éd. Albin Michel

images.jpgRoman de fantasy de haute tenue qui mène également une réflexion intelligente sur la guerre.

 

 

 

 

 

 

 

Catégorie documentaires

jolivet.jpgLes costumes de Joëlle Jolivet, éd. Panama

Après Zoologique et Presque tout, Joëlle Jolivet se lance, avec Caroline Laffon pour les textes, dans une histoire aléatoire du costume à travers le monde.

 

 

 

 

 

 

Venez découvrir ces ouvrages à la librairie ainsi que le dernier numéro de la revue Citrouille, consacré, entre autres sujets, aux prix Sorcières.

 

Ma Dolto de Sophie Chérer

dolto.jpg

 

L’École des loisirs donne une seconde vie à un livre que les éditions Stock avaient publié l’année dernière dans une collection destinée aux adultes. Le mot « ma », dans son titre, se lit comme un adjectif possessif – le livre peint Françoise Dolto telle que la voit Sophie Chérer, telle que l’aime Sophie Chérer –, mais aussi comme le terme anglais qui sert à dire familièrement « maman ». Une soixantaine de chapitres brefs, témoignant d’un art consommé du montage, entremêlent les principaux événements de la vie et de la carrière de Françoise Marette-Dolto, des récits de cures, des exposés sur ses méthodes d’analyse, mais aussi des souvenirs personnels de Sophie Chérer, une apologie du père Noël, un résumé de la vie de Van Gogh, un dialogue entre Béatrix Beck et Roger Nimier, le récit d’une erreur tragique de Georges Simenon.

Romancière avant tout, Sophie Chérer raconte des événements, fait revivre des échanges, et part du quotidien pour mieux faire comprendre les distinctions théoriques élaborées par la psychanalyste : par exemple, pour résumer le fameux débat sur « l’enfant roi », la différence qu’il y a entre satisfaire un besoin et satisfaire un désir de l’enfant. Certes, lorsque Sophie Chérer invente (ou restitue ?) un dialogue, à propos d’un bonbon de rêve, entre une mère particulièrement disponible, créative, et son enfant, ce dialogue sucré m’a semblé parodier le difficile précepte énoncé par Dolto plutôt que le mettre en pratique… Mais en général les réflexions qui accompagnent les récits ne manquent ni de justesse ni de clarté ; d’autant plus que l’auteur de Ma Dolto a su, à l’instar de son modèle, éviter le dogmatisme et le verbalisme.

Le dispositif narratif que Sophie Chérer a mis en place est presque constamment au service de la parole de Dolto elle-même, et le livre a le mérite de ne faire parler Dolto à la première personne qu’en citant ses textes et ses propos (et en donnant, à la fin du livre, la référence précise de chaque extrait cité). En lui cédant la parole le plus souvent possible et en abordant son œuvre sous des angles variés, le livre nous offre d’elle un portrait en kaléidoscope et en mouvement, brûlant de vie et d’énergie.

Françoise Marette, la future Dolto, eut avec sa mère une relation difficile, même traumatisante, et dut se battre contre elle pour gagner le droit de devenir une femme active. Puis il lui fallut répondre aux reproches de son père polytechnicien, écrivant un jour à celui-ci, comme Kafka, une lettre, qu’elle lui envoya en 1938, qui resta sans réponse et qui inspire à Sophie Chérer ce commentaire conclusif : « Il faut croire que les lettres au père ne sont pas faites pour être lues. Seulement pour être écrites. » (Parce qu’une lettre est restée sans réponse, elle n’a pas été lue ?) Enrichie par son vécu, s’étant trouvée très tôt en pleine possession de ses moyens d’analyste et de cette intuition si nécessaire pour soigner des enfants qui ne peuvent pas tous formuler eux-mêmes leur souffrance, Dolto commence par aider ses jeunes patients à prendre confiance en leur désir, avant de leur enseigner comment apprivoiser les pulsions qui les tyrannisent. « Professeur de désir », elle possède au plus haut point le génie de la relation humaine. Et Sophie Chérer nous fait saisir à quel point la manière qu’a Dolto de parler et d’écrire incarne ce que peut être la parole vraie que l’adulte doit aux enfants.

Au cœur du livre, se glisse un témoignage plaisant et même truculent de l’illustrateur Philippe Dumas, entré en analyse chez Dolto en 1948, à l’âge de huit ans, et qui prolonge lui-même les anecdotes qu’il nous rapporte par de savoureux dessins. « La plupart des gens ont un âge mental de sept ans, lui a dit Dolto. Toi, tu y es, à cet âge. Tu ne le dépasseras peut-être pas, mais tu l’as, ça suffit. » Dumas nous révèle qu’à un garçon dominateur et violent Dolto aurait imposé le traitement suivant : « Tu veux la bagarre, bien, mais tu dois choisir de te battre avec des gens forts ! Tu vas prendre des cours pour devenir dompteur. » Ce qui fut fait… non sans quelques conséquences fâcheuses (je vous invite à les découvrir par vous-mêmes dans Ma Dolto).

Voilà donc un livre qui aidera beaucoup d’adolescents à vivre mieux. Pour les jeunes lecteurs, garçons et filles, à partir de treize ans : une initiation à Françoise Dolto. Pour leurs parents : une invitation à relire, ou à découvrir, les livres de cet esprit libre qui fut aussi un authentique écrivain.

Jean-Michel

 

Sophie Chérer, Ma Dolto, L’École des loisirs, collection « Médium ». 11 €

Robert Castel à l'Autre Rive

                               

Castel©G.Braunstein1.jpg

Robert Castel     

 

mercredi 13 mai 2009 à 18h30                                                                                        

   

  

Comment donner un sens à la crise que nous traversons aujourd’hui ? En prenant du recul et en lisant  le sociologue Robert Castel, qui poursuit dans son nouvel ouvrage intitulé La montée des incertitudes, les réflexions sur lesquelles il travaille depuis un demi-siècle : comment penser les mutations modernes du travail, en quoi bouleversent-elles l’identité des individus et la cohésion sociale, n’observons-nous pas l’avènement d’une société de plus en plus individualiste ?

 

Développant le concept de désaffiliation (sentiment d’être inutile au monde), Robert Castel nous rend attentifs au phénomène de l’exclusion qui atteint désormais des segments de population jusqu’ici encore récemment intégrés socialement (aujourd’hui être salarié ne suffit parfois plus à assurer son indépendance économique, preuve en est de l’importance croissante du travail précaire dans nos sociétés).

 

Et il pose une question centrale : quel est le rôle de l’Etat et des entreprises dans ce nouveau contexte ?