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dimanche, 25 juin 2017

Sendak et les autres

Le maxilivre hommage à Maurice Sendak (d’après l’exposition qui s’est tenue à la Society of Illustrators de New-York, organisée par Justin G. Schiller et Dennis M. V. David) ; volume dirigé par Leonard S. Marcus, traduit par Agnès Desarthe. Éditions Little Urban, 2016.

 

Cette importante monographie est la version française d’un livre paru aux États-Unis en 2013, qui accompagnait une exposition organisée à New-York. Elle assemble des textes critiques et des témoignages écrits par douze spécialistes de l’œuvre de Maurice Sendak, et nous donne à voir environ 200 de ses dessins, inédits ou peu connus (études au crayon, aquarelles, story-boards, lithographies, affiches, etc.) ; l’ensemble formant un volume de 224 pages carrées de grand format.


maxilivre sendak.jpgSi vous voulez connaître le prénom de chacun des Maximonstres de l’album Where the Wild Things are ; si vous vous demandez pourquoi les enfants dessinés par Sendak ont toujours de grands pieds ; si vous avez remarqué que chez lui les tout-petits ouvrent sur le monde des yeux écarquillés, larges comme des soucoupes, et si vous vous interrogez sur la signification de cet étrange regard : le Maxilivre hommage à Maurice Sendak est fait pour vous.

Il vous apprendra encore bien d’autres choses. Par exemple, grâce à l’un des contributeurs du volume, qui est lui-même auteur d’albums pour enfants (et lauréat du prix Caldecott), vous saurez comment s’est déroulé le cours que Sendak a donné, pendant un an, à l’université de Yale.

La plupart des images réunies dans ce « maxilivre hommage » nous font regarder de plus près l’art de Maurice Sendak, les scènes riantes et les visions oniriques que son crayon a esquissées, que son pinceau a fixées. Sendak fait montre d’un perfectionnisme graphique qui communique une sensation de plénitude, à travers des images luxuriantes, emplies de sensualité. La monographie dont Little Urban s’est fait l’éditeur français nous permet d’observer à l’état naissant le mouvement de son trait, la précision de son modelé et le dynamisme de ses compositions. On a envie de relire les albums de Sendak qu’on connaît et de partir à la recherche de ceux qu’on n’a jamais lus. Il faut dire que le public français ne connaît, du continent Sendak, que les albums dont notre homme est l’auteur complet. Or Sendak a aussi dessiné pour orner des contes et des œuvres littéraires (par exemple une traduction anglaise de Marcel Aymé), ce travail de pure illustration ayant donné naissance à plusieurs dizaines de livres, qui ne paraîtront peut-être jamais chez nous.

Sendak révolutionne l’album pour enfants lorsqu’il publie, en 1963, Where the Wild Things are (en français ce sera Max et les Maximonstres). On nous rappelle le précieux soutien que lui a apporté son éditrice Ursula Nordstrom, alors directrice du secteur jeunesse de Harper & Row – elle s’occupait aussi de Tomi Ungerer et d’Arnold Lobel. Un commentaire détaillé et stimulant de Max et les Maximonstres, dû à Patrick Rodgers, est accompagné de quelques-uns des dessins préparatoires qui avaient été réalisés en vue de cet album, dessins présentant des différences significatives avec les planches définitives.

Plus tard, la rencontre de Frank Corsaro permet à Sendak de transporter son opéra de papier sur la scène lyrique, en devenant costumier et décorateur. Dans ce « maxilivre hommage », Corsaro retrace les étapes de leur fructueuse collaboration. Le récit de Corsaro évoque aussi l’évolution du style de Sendak, et notamment la difficile gestation de l’album de 1981, Outside over there (Quand papa était loin), où s’expriment son goût du fantastique, son amour de l’opéra, son talent de peintre romantique et ce besoin qu’il avait de plonger avec le lecteur dans les régions dangereuses du psychisme humain.

La culpabilité, la colère, les rapports ambivalents qu’on entretient avec ses parents, la façon dont on apprivoise l’idée de la mort, tels sont les sujets graves que traite Maurice Sendak. Mais il les aborde par le biais de la suggestion poétique, afin que chacune de ses pages émerveille l’enfant à qui le livre est lu et puisse continuer d’émerveiller l’adulte qu’il sera.

Jean-Michel

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