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jeudi, 26 novembre 2009
Les rendez-vous de l'Autre Rive
L’Association Transversales et la librairie l’Autre Rive
vous invitent à une conférence-débat avec
Liliane Goldsztaub
à l’occasion de la parution de son dernier livre
Sociodrame et psychodrame analytiques
éditions Erès
vendredi 27 novembre 2009 à 20h30
Liliane Goldsztaub est docteur en psychopathologie clinique à l’université
Louis Pasteur de Strasbourg
L’Association Transversales et la librairie l’Autre Rive
vous invitent à une conférence-débat avec
Liliane Goldsztaub
à l’occasion de la parution de son dernier livre
Sociodrame et psychodrame analytiques
éditions Erès
vendredi 27 novembre 2009 à 20h30
Liliane Goldsztaub est docteur en psychopathologie clinique à l’université Louis Pasteur de Strasbourg
Librairie l’Autre Rive 19 rue du Pont-Mouja Nancy tel. 03 83 30 63 29
autre.rive.nancy@wanadoo.fr
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Commentaires
« Adalina » de Silvio Huonder (09, La Dernière Goutte Ed, 285 p.)
Johannes Maculin est un artiste suisse qui vit à Berlin. Il est originaire de Suisse (en fait de la Suisse Romanche, dans les Grisons et l’Engadine). Toute une région, autour de Chur, l’ancienne Rhétie, conquise par les romains, et première province romaine (on nous le rappelle dans le livre) de ce nom, bien avant la conquête de la Gaule (les romains s’adonnaient ils aux sport d’hiver ou à la fondue ?). Donc une enfance avec le Tat (grand père) qui ne parle que romanche, montagnard traditionnel dans les années 60-70 (des passages nous rappellent les premiers cosmonautes, les attentats aux Jeux de Munich, l’attentat contre JFK…). Et ces collégiens, Maculin, Veraguth, Fiorelli, Wullschleger ont des interrogations comme tous les garçons pré-pubères à propos des filles. « Marina, elle l’a déjà fait, elle le fait avec tout le monde ».
Cet artiste, on le retrouve à Berlin, à la trentaine, un dimanche. Il s’achète des chaussures neuves (qui lui font mal aux pieds) et une boite de graisse pour les assouplir. En plus il s’embarque en train pour retourner dans son village, via Bâle et Zurich (une excursion du dimanche, qui se finira en poursuite avec des pandores hélvètes), le tout dans un paysage grandiose. Que s'est-il passé dans ce village il y a vingt ans ? quelle est cette force mystérieuse qui le pousse à retourner sur les lieux de son enfance, de ses camarades de classe, de ses premiers émois, de son aventure amoureuse avec sa cousine Adalina, morte brutalement (accidentellement avec son camarade-rival ?). Personne n'échappe aux fantômes du passé et il n’y a pas de jeunesse heureuse. Le retour au village s’avère catastrophique et va se solder par un nouvel échec. La soirée de Johannes et de Veraguth se termine dans une misère sentimentale, avec des filles brunes plus que faciles, misère physique (il vomit aussitôt arrivé chez Marina, soul et chargé comme une mule). Au delà de ses souvenirs, il y toujours ces retours avec Adalina, la découverte de leur accord, premiers baisers échangés, découverte de son corps avec ses infirmités (phimosis de naissance)
Le tout est monté à la façon d’un puzzle, quoique très linéaire, mais par morceaux. Sans surprise, le retour au pays natal entraîne la remémoration du passé. Les souvenirs de Johannes se lient au présent, à la fois par les situations, les personnages, et le tout reste extrêmement fluide. Toute ces situations-souvenirs s’emboîtent minutieusement jusqu’à se confondre avec la triste réalité. Mais le récit reste très dramatique sans véritable action psychologique. En effet les caractères ne sont pas vraiment abordés et il ne se passe pas grand chose hors des souvenirs dans la tête des différents antagonistes.
Écrit par : jlv-adalina | mercredi, 02 décembre 2009
Répondre à ce commentaireLe dossier Robert » de Karsten Dümmel (09, Quidam Editeur, 184 p.)
Après les trois livres de Herta Müller, un autre bouquin sur les pays de l’Est. 20 ans qu’il a fallu attendre avant que cela ne sorte. A signaler deux choses intéressantes sur le sujet.
- Un long interview de Herta Muller dans le Monde- livres du vendredi 5 déc 09.
- Un bouquin à paraître en aout 10 de Uwe Tellakamp « Der Turm », La Tour (976 p) grand prix du livre allemand a la foire de Frankfort (annoncé dans Books).
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Donc, revenons au Dossier Robert de KD
Leipzig, fin des années 1970. Militant pour la liberté d'expression, Robert, jeune diplômé en sciences, est cantonné dans un emploi de laveur de carreaux. Maria, avec qui il veut faire sa vie, est une jeune femme engagée, également fichée par la Stasi. Ils décident de quitter la RDA mais Maria disparaît.
Robert a récemment obtenu un diplôme en sciences, une carrière pourrait s'ouvrir à lui mais nous sommes à Leipzig, en RDA, à la fin des années 70 et Robert milite au nom de la liberté d'expression. Une activité qui lui vaut des ennuis et le cantonne à laver des fenêtres jour après jour. La police l’arrête d’ailleurs, lui, son vélo, son seau et son escabeau, tous conduits au poste. Une idée de la vie que pouvaient avoir les gens de l’est…
Karsten Dümmel, dresse une série de portraits émouvants avec la suite de destins brisés qui va avec. En résulte un récit tourmenté, composées de privations, de harcèlement, et d'enfermements arbitraires. On ne peut oublier ces années de plomb, dans un pays où liberté d'expression ne figure pas au dictionnaire, mais qui glorifie les grands bonds en avant (au bord du précipice) que le parti promet. C’est une époque qu'il convient de rappeler afin de que cela ne se reproduise plus (bien que…) et afin qu'on puisse lutter contre de pareilles discriminations dans d'autres pays.
« De tombe, il n’y a pas », ainsi se termine le prologue, qui narre la vie et déjà mort d’un des personnages, victime du régime est-allemand. Jeune diplômé, Robert rencontre Maria avec qui il a un enfant. Le cœur de Robert bat pour Maria, fichée à la Stasi pour dissidence et activités subversives (des idées). Cependant, Robert est bien trop proche de dissidents ou même de supposés dissidents, il est donc aussi fiché par la Stasi. Ils font des projets d'exil, de liberté retrouvée ailleurs, jusqu'au jour où Maria disparaît sans laisser de traces. Alors Robert va chercher... et va ainsi connaître les longues attentes « La chambre jaune n'était pas vraiment jaune. La nicotine collait au plafond et aux murs avec la crasse des années.
Un flux de néons bleu et blanc éclairait la pièce aveugle. » Voila pour le décor. Pour les personnages « Les visiteurs de la chambre jaune s'asseyaient sur les chaises informes et collantes et patientaient. Ils s'asseyaient et attendaient le moment où l'une des deux portes s'ouvrirait, où leur nom serait prononcé et où on les sommerait d'entrer. ». Pour la durée, ce sera pareil « Parmi ces gens qui attendaient, certains venaient pour la première fois, d'autres fréquentaient la chambre jaune depuis un bon moment. Quelques-uns venaient depuis des années. ». On a vite compris la situation. Reste les idées qui se mettent à vagadonder et à aller bon train « Tous prenaient place et se taisaient. Ça allait bon train dans les crânes. Les remords martyrisaient les cerveaux. Personne ne se connaissait - et pourtant chacun était au courant pour l'autre. Venait le moment où chaque occupant des chaises ressassait les reproches mille fois faits : nous n'aurions pas dû venir ici. Nous n'aurions pas dû le faire. Nous aurions dû tenir. Nous aurions dû nous entraîner à la patience. » En quelques phrases tout est dit.
Il est détourné de sa vocation scientifique, reste seul avec sa fille qui l’interroge sans avoir de réponses. Il devient frustré dans ses ambitions d’exil, et est contraint à laver des carreaux chaque jour avec son vélo, son seau et son escabeau. C’est, à quelques détails près, tout ce que l’on sait clairement de sa vie d’alors.
Après la chute du mur sans doute, sa fille l’interroge, essaie de savoir ce qu’il s’est passé et que son père lui cache comme il semble se le cacher à lui-même. Ce sont ses questions qui propulsent une narration dans laquelle le lecteur est presque comme l’enfant de Robert. A travers ces bribes de vie, des morceaux d’évènements sans grande importance il va tenter, avec le lecteur, de recomposer le puzzle d’une existence.
Roman hautement intéressant (et bien écrit !) qui fait froid dans le dos, surtout avec le recul, des années plus tard.
Une des grandes qualités de plumes de Karsten Dümmel est sa manière implacable et froide de raconter les choses sans feu de la passion, sans débordements affectueux, simplement à travers l'histoire d'un couple soudainement brisé par le poids d'un système politique. La révolte est là chez Robert, mais aussi chez le lecteur qui se retrouve coiffé par cette chape étouffante qui s'abat au fil des pages sur le peuple, sur la pensée, sur les plus élémentaires des droits.
Karsten Dümmel connaît le sujet sur le bout des doigts. Il est né en Allemagne de l'Est en 1960 et il a rapidement compris avec tant s’autres, qu'il fallait se taire pour continuer à vivre dans un univers à la liberté restreinte sinon inexistante. Il militera cependant pour la liberté d'expression et les droits de l'homme, tout comme le héros de son roman. Cela lui vaudra quelques ennuis, notamment les interdictions de sortie du territoire. Il sera finalement échangé avec un groupe de prisonniers politiques contre des denrées et d’autres marchandises. Il est ainsi envoyé en Allemagne de l'Ouest en 1988, avant d’assister à la chute du Mur. Karsten Dümmel découvrira alors le dossier que la Stasi avait monté sur lui. Espionnage poussé à l'extrême, délation permanent par les voisins et autres (tiens, cela me rappelle des idées similaires avancées dans un très proche pays).
De quoi mieux comprendre la manière qu'a l'auteur, dans "Le dossier Robert" d'évoquer cette période et les moyens qui étaient alors employés. Un certain nombre de facteurs forment alors des boucles qui vont aggraver le système.
- L’individu est pris dans l’engrenage du système, et il ne comprend pas exactement ce qui lui arrive.
- il ne comprend pas pourquoi cela tombe sur lui.
- il ne peut raisonnablement tirer conclusion de cette expérience.
- il ne peut juger, ni comprendre a posteriori, les motivations des différents acteurs
Cette situation n’est pas spécifique au régime de la Stasi.(a en juger la découverte de l’ampleur de la situation alors que seuls sont accessible des menus fragments de ces archives). Comme le dit également Herta Müller, la langue échoue à rendre justice à l’expérience. C’est le rôle du lecteur que de recoudre le récit, de remplir les blancs, et de tenter de rendre logique une expérience qu’on voudrait croire improbable, irréaliste, et pourtant si proche de nous.
Écrit par : jlv-Dümmel | samedi, 05 décembre 2009
Répondre à ce commentaire« La Vaine Attente » de Nadeem Aslam (09, Seuil, 386 p.)
C’était un des romans forts annoncés de la rentrée. J’ai mis du temps vnt de le commencer. Ayant lu tout d’abord les trois indiens (« le Trône du Paon », « Mes Assassins » et « l’Inde en héritage ») (reportez vous à votre libraire favori pour les lire et en lire ma critique sur son blog). Puis il y eut Herta Müller et quelque romans allemands, ou germanophones (idem, reportez vous……). Là je m’étais réservé un peu de temps pour lire 2 ou 3 livres dont je me doutais qu’il fallait plus de temps. Pas déçu, mais lors pas du tout….
Le lieu : . L'Afghanistan près de la frontière pakistanaise, au pied des monts Tora Bora, lieu de refuge des Talibans, dans ses fameuses grottes labyrinthiques. La ville, Usha, qui ses traduit par Larme, tout un symbole.
L’action : compliquée. Tout comme on peut résumer « Mort à Venise » par un vieil homme passe sa nostalgie aux bains de mer, ou « Madame Bovary » par un pharmacienne de province s‘ennuie.
Tout commence dans une maison aux murs ornés de fresques persanes « des amants aux yeux verts », et dont les plafonds sont couverts de livres cloués « Sur le vaste plafond, il y a des centaines de livres, chacun maintenu en place par un clou qui le transperce de part en part. Une pointe de fer enfoncée dans les pages de l’Histoire, dans celles de l’amour, celles du sacré. » , « un geste de ma femme démente », une remise avec une statue de Bouddha qui pleure de l’or, et une serre où autrefois on distillait des parfums. Les différentes pièces de la maison sont toutes dédiées à un sens, et naturellement cela va en progressant. On voit que l’on est embarqué dans une Asie raffinée, aux plaisirs subtils, et dont très vite on se rend compte que tout a laissé place à une violence sans nom. Violence consécutive aux différentes guerres, contre les soviétiques, puis les talibans, et enfin contre le fondamentalisme musulman. «Le monde entier semblait être venu combattre dans ce pays, y avait multiplié les erreurs, et il ne savait plus à qui en faire porter la responsabilité.»
Les personnages : un couple de docteurs anglais (Marcus Caldwell) dont la femme Qatrina été lapidée par les talibans, après qu’elle eut du lui amputer une main pour soi disant vol.
Ils ont eu une fille, Zameen et un petit fils Bihzad. C’est en fait autour d’eux que toute l’action tourne. Zameen a été enlevée et violée par les russes, dont Benedikt, déserteur russe, serait le père de l’enfant. Zameen a ensuite vécu avec David Town, agent de la CIA, qui revient également les rechercher. Lara Petrovna, la sœur de Benedikt est aussi sur leur traces, tout comme Marcus. Il y a encore Casa, un jeune orphelin afghan endoctriné à fond par les talibans et qui brûle de faire ses preuves (en faisant exploser un camion conduit pr un gamin qui ressemble à Bihzad) au milieu de chefs de guerre, tels Gus Rasool ou Nabi Khan, qui ne voient bien sur que l’intérêt de leur bourse et des trafics qu’ils peuvent exploiter. On a donc affaire à une histoire complexe, irracontable, avec de nombreux retours en arrière, non dénués d’intérêt, car ils peuvent impliquer les sectes traditionalistes américaines du début du siècle. Récit à tiroirs donc, ou tout s’emboîte. A peine est on installé dans cette maison, où tout est chargé de parfums, de couleurs, de culture, que la sauvagerie du monde extérieur nous agresse.
La vaine attente (de qui, de quoi) des différents personnages pose le problème de la fragilité des notions telles que les relations humaines, culturelles ou artistiques, face à la violence aveugle, elle même engendrée par l’ignorance ou le fanatisme irrationnel liés à une croyance irréfléchie. En cela le livre est une subtile balance entre la violence et la culture millénaire de l’Afghanistan (plusieurs fois NA revient sur Alexandre le Grand, dont le nom apparaît encore dans celui de Kandahar), l’art omni-présent (par les peintures murales, les dessins des 99 noms d’Allah que Qatrina a peint), la culture (les différents parfums que Marcus peut ressentir), ou la poésie (les grues demoiselles du lac, les papillons ou les fleurs qui s’ouvrent au dessus de Lara blessée). La violence, biens sûr, elle est aussi très présente. Mais, à ce sujet, il convient de rappeler les derniers ouvrages de ce style (Les Bienveillantes, Zone ou Démon). Je dois reconnaître que ces derniers ne m’ont pas vraiment impressionnés. Il y déjà tout (avec un style autrement brillant) dans « Kaputt » de C Malaparte (les paniers d’yeux des oustachis, l’arbre aux pendus, etc). Dans ce livre (La vaine attente, certains passages (un peu émiettés dans le livre, il est vrai) sont réellement insupportables (l’amputation de la main de Marcus par Qatrina, la fin de Benedikt). Est ce à cela que l’on reconnaît la vraie littérature ? Ou sommes nous trop proches du monde de l’horreur ?
Un dernier point concerne l'Afghanistan. Ce fut jadis l'éden de l'Orient avec ses forêts de mûriers et ses vergers légendaires. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un gigantesque charnier. Fruit de guerres, l’une dernier soubresaut de la guerre froide, l’autre non-communication entre cultures. « Il ne serait guère surprenant qu'un jour les arbres et les vignes d'Afghanistan cessent de pousser, de peur que leurs racines en continuant de croître entrent en contact avec une mine enfouie à proximité.» Entre les miniatures persanes, les visions d'apocalypse, et la cupidité cynique de certains, on se demande quelle attente pouvons nous avoir sur les décombres de quoi ou de qui. Caveat lector
Écrit par : jlv-Aslam | lundi, 07 décembre 2009
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